Le dernier vol de Lancaster [Sylvain Estibal]

L’auteur : Sylvain Estibal est un journaliste français né en 1967, également romancier et réalisateur du Cochon de Gaza, un film qui me tente beaucoup et dont je vous parlerai certainement tout prochainement.

L'histoire : Avril 1933. le pilote Bill Nacaster s’envole de Lympne en direction du Cap pour tenter de battre le record établi sur cette traversée. Peu après, au fortin de Reggane, dans le Sud algérien, on apprend qu’un aviateur s’est écrasé dans les environs. Commence alors une course contre la montre pour tenter de retrouver ce pilote controversé perdu dans le désert. Au travers d’un assemblage captivant de textes où se mêlent fragments épistolaires, coupures de presse, rapports officiels et le journal tenu par Lancaster lui-même, se dessine un destin éminemment romanesque, entre vérité et légende de la conquête du ciel.

Mon avis : Voici un roman prêté par ma cousine il y a de cela plusieurs années. La perspective d’un déménagement m’a poussée à enfin le lire pour pouvoir le lui rendre sans le perdre. Il faut dire que l’histoire ne me tentait pas particulièrement avant de me plonger dedans et de me laisser happer : les derniers jours du pilote britannique Bill Lancaster, parti d’Angleterre en avril 1933 pour tenter de battre le record de vol en solo jusqu’au Cap.
Tout au long de son agonie, Lancaster se force à écrire. Il partage ses craintes quant à l’eau qui va inévitablement manquer s’il n’est pas rapidement retrouvé, quant à ses blessures, quant à ses hallucinations quand il croit percevoir un moineau. Le lecteur comprendra, au 9e jour, en n’ayant plus de lettre de sa main, que la mort est passée par là. C’est alors les écrits de René, méhariste (qui monte un dromadaire), prennent le relais. La relation avec sa femme bat de l’aile et il est fasciné par Chubbie qui tente tout pour sauver son compagnon. Il se laisse alors entraîner à la recherche de Lancaster.
Ne nous y trompons pas, il s’agit bien ici d’un roman inspiré de faits réels. Si une partie des écrits de Lancaster peuvent effectivement lui être attribués, le reste n’est que fiction. René n’a jamais existé, Chubbie n’a jamais pu obtenir d’avion pour partir à la recherche de Lancaster.
Toute la narration est construite à partir de lettres, de rapports et de communications militaires, d’articles de presse ou encore d’encyclopédie sur les effets de la déshydratation. L’urgence de retrouver l’aviateur est alors d’autant plus pressante. Lancaster en devient humain, et plus seulement un simple fait divers, mais pas pour autant sympathique, loin de là. L’ombre d’un meurtre plane et il est clairement décrit comme égoïste et peu stable, voire naïf et casse-cou. Chubbie n’ayant que peu droit à la parole apparaît au lecteur essentiellement comme quelqu’un de déterminé. Elle met tous les moyens en œuvres pour obtenir un avion et partir dans le désert. Quant à René, il ne prend de l’importance que dans la seconde partie du roman.
Non, le véritable personnage principal de ce roman, c’est le désert. Sylvain Estibal réalise le tour de force de nous montrer le désert et ce qu’il provoque dans l’âme de ceux qui le contemplent de leurs yeux. On se sent petit, fragile. On prend conscience du prix de la vie, que l’humain est bien peu de chose. La lumière, la chaleur, le manque d’eau, la beauté du désert et son côté meurtrier et destructeur… tout est vraiment bien décrit et pousse le lecteur à avancer dans cette histoire.

Commentaires

Ce livre est tout simplement magnifique !
La chèvre grise a dit…
@ Clara : je n'irai pas jusque là, mais j'ai bien aimé, et surtout beaucoup plus que ce à quoi je m'attendais. Ce qui fait que j'ai passé un bon moment car j'ai été surprise.
Nane a dit…
Contente qu'il t'ait plu! Evite le film, c'est une niaiserie sans nom...

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