Exposition : Capitale(s), 60 ans d'art urbain à Paris

 

Voici une exposition très sympathique que je vous conseille fortement si vous aimez l'art urbain. Proposée gratuitement par l'hôtel de ville de Paris elle vous propose une plongée dans l'histoire du street art dans la capitale, devenue un lieu incontournable, à travers 300 objets et œuvres d'artistes aussi connus que Banksy, JR, Keith Haring ou Invader. Certains sont même venus créer des œuvres in situ, qui disparaîtront à la fin de l'exposition, rappelant l'essence éphémère de cet art.

Jacques Villegié

Jérôme Mesnager - L'homme en blanc

Dessins, collages, pochoirs, mosaïques ou graffitis, le street art prend différentes formes au fil des années et se réinvente en permanence. L'exposition montre qu'il s'agit bien d'un art et non d'une simple détérioration du milieu urbain par quelques jeunes qui seraient venus de banlieue. Les œuvres proposées sont en effet loin du gribouillis et représente de véritable œuvres justement, au sens où elles nécessitent un véritable travail artistique : repérage, préparation, réalisation puis documentation.

Naty & Slice - Subway art

Psyckoze - Ainsi va la ville

Les précurseurs investissent les rues parisiennes dans les années 60-70. Ils s’appellent Villegié, Raymond Hains, Ernest Pignon-Ernest ou Zlotykamien. Dans leur foulée, l'artiste Epsylon Point se lance dans le pochoir et les années 1980 voient fleurir de nombreuses initiatives : les rongeurs de Blek le Rat, les jeux de mots habiles de la regrettée Miss Tic, la silhouette de l'homme blanc de Jérôme Mesnager, avant de voir éclore des collectifs d'artistes. 

Niels Shoe Meulman - Crime time kings

Rammellzee - Atomic Note Maestro Atmosferic (détail)

Le début du graffiti en France est marqué par l'arrivée de l'artiste franco-américain Bando qui l'introduit dans le pays après s'y être exercé à New York, avec la pratique du writing (renommé tag en français) dans laquelle on mesure le talent de l'artiste par l'énergie et le style donnés à l'écriture de son pseudonyme. Différents lieux de la capitale sont investis au fur et à mesure de la progression artistique : des quais de Seine à Stalingrad en passant par les stations de métro. Loin de se cantonner à un microcosme localisé, des rencontres s'opèrent entre de jeunes graffeurs européens, provoquant encore plus d'émulation et permettant un renouveau permanent par la confrontation des talents.

André Saraiva - Mr A Cobalt Blue

Shepard Fairey - Liberté Égalité Fraternité

En 1990, le graffiti est fortement réprimé. Cela génère une opposition fondamentale au sein même du mouvement : certains tiennent à l'aspect vandalisme de l'art quand d'autres revendiquent une approche réellement artistique. Ces derniers refusent de se limiter à un lettrage à la bombe et tiennent à la réalisation de véritables œuvres au même titre que celles exposées dans des galeries. Les premières expositions marquent la reconnaissance par le milieu professionnel. En parallèle, la rue elle aussi se dote de pratiques plus encadrées, notamment en réalisant sur des murs autorisés voire à partir de commandes institutionnelles. Car les municipalités y voient l'occasion d'améliorer l'esthétique des espaces publics, comme c'est le cas dans le 13e arrondissement de Paris où le maire Jérôme Coumet a fourni des murs XXL aux artistes français ou étrangers. A partir de 2007 s'impose le terme de Street Art, en remplacement du réducteur terme "graffiti".

JR - 28 millimètres / karcher

Banksy - Couple de rats

Les dernières salles de l'exposition recréent l'espace urbain parisien. Certainement une gageure dans un lieu comme l'hôtel de ville, relevée haut la main. On y retrouve Invader et sa carte montrant tous les lieux envahis, ou un collage de Swoon, ou encore un vitrail de Seth, Romain Froquet, Philippe Baudelocque.

C215 - Simone Veil

Dran - Sans titre

En dehors de la beauté indéniable des œuvres présentées, dont certaines peuvent toucher plus que d'autres en fonction de votre sensibilité propre, l'intérêt principal de l'exposition est de montrer que le Street art n'est pas l'apanage de New York, et n'y est même pas forcément né. Il est aussi possible de prolonger l'exposition par une visite de certains lieux précis de Paris : le tunnel des Tuileries tout proche dont je vous parlerais tout prochainement ou encore le Paris des Monumentales dans le 13e arrondissement.

Levalet - Service public


Informations utiles :

Du 15 octobre 2022 au 11 février 2023 - Prolongations jusqu'au 20 mars 2023
tous les jours sauf dimanche et jours fériés de 10h à 19h, dernière entrée à 18h15

Hôtel de ville de Paris Salle Saint-Jean
5 rue de Lobau
75004 Paris

Gratuit - réservation obligatoire

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