Frenchman [Patrick Prugne]

L'auteur
: Né en 1961, Patrick Prugne est un scénariste et dessinateur de bande dessinée français. Nous l'avons déjà croisé sur le blog dans une collaboration avec Tiburce Oger pour Canoë Bay.  C'est le père de Thibaut Prugne, bien connu dans le monde de la littérature de jeunesse.

L'histoire : Octobre 1803… Dans un paisible village de Normandie, des sergents recruteurs arrivent tambour battant. À l’appel de leurs noms, les jeunes hommes de la région partent grossir les rangs de l’armée du premier consul Bonaparte. À l’autre bout du monde, la Louisiane vient d’être cédée par la France à la jeune nation américaine. Enrôlé comme tant d’autres pour assurer la « pacification » de ces contrées sauvages, Alban, un jeune paysan, doit bientôt embarquer pour la Nouvelle Orléans. Ce garçon plein de fougue, encore imprégné des idéaux de la Révolution, fait parler la poudre pour défendre un jeune esclave. Arrêté, emprisonné, il risque l’échafaud. Un trappeur français, Toussaint Charbonneau, lui sauve la vie et l’entraîne avec lui dans une expédition qui changera le cours de leurs existences.

Mon avis : Tout commence bien loin du Nouveau monde, en terre normande. La conscription chamboule les vies, et les plus fortunés arrivent à y échapper en envoyant à leur place les plus pauvres. C'est ce qui arrive à Alban. Envoyé en Amérique, défendant un jeune esclave maltraité, il se retrouve de fil en aiguille déserteur, obligé de suivre un trappeur français, un Frenchman, qui va lui apprendre comment survivre dans ces contrées hostiles.


Graphiquement, le travail d'aquarelle de Patrick Prugne est superbe, surtout une fois que le récit sort de la Normandie. On sent que le dessinateur est plus à l'aise dans les sous-bois que dans les prairies. L'introduction en France est nécessaire, mais un peu laborieuse. Le récit prend pleinement son sens lorsque Alban pose le pied en terre Américaine, où cette jeune nation se construit. Mais elle emporte avec elle tous les démons du Vieux-monde. Le Nouveau monde est tout aussi violent et pourri. Et cela ne tient pas qu'aux peaux rouges : la violence est inhérente à la condition humaine. Prugne excelle visuellement à fondre l'indien dans le décor. On le voit silencieux, habité de vengeance. Symbolisant presque la nature, sauvage mais belle.

Un récit qui se déguste lentement pour profiter pleinement du graphisme donc. Le scénario, s'il n'est pas extraordinaire, nous tient tout de même en haleine.


Frenchman, de Patrick Prugne
Éditions Daniel Maghen
Septembre 2011

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