Le Prince des Marées [Pat Conroy]

L'auteur : Né à Atlanta en octobre 1945 et mort en mars 2016 en Caroline du Sud, Pat Conroy était un auteur américain de romans et d'autobiographies.

L'histoire :Tom, Luke et Savannah ont grandi au paradis, dans le sud faulknérien, sur l'île de Melrose où leur père pêchait et leur mère régnait par sa beauté. Leur enfance éblouie et perdue préfigure les drames de l'âge adulte. Parce qu'ils refusent de mûrir, de vieillir, leurs rêves d'art, d'exploits, de justice vont se heurter à la brutalité du monde réel. La géniale et tragique Savannah et ses frères affrontent l'amour, la solitude et la peur de vivre avec une ironie désespérée.

Mon avis : C’est Loesha qui m’a offert ce roman après l’avoir dévoré. Et lorsque j’ai pu avoir 10 jours de repos devant moi, la bête faisant tout de même plus de 1000 pages, j’ai sauté sur l’occasion de le découvrir. Après une première moitié un peu laborieuse par moments, j’ai fini par apprécier le lyrisme et la poésie de Pat Conroy ainsi que les personnages qu’il met en scène, aux relations complexes, sans que cela touche au coup de cœur pour autant.

Tom Wingo est un homme de Caroline du Sud, qui a vécu dans une famille troublée. La dernière tentative de suicide de sa sœur jumelle à New York est pour lui l’occasion de s’éloigner des terres magiques de son enfance et de revenir sur l’histoire familiale.

Ce qui plombe un peu le récit, ce sont les envolées lyriques de Tom, qui se complait dans les digressions et le narcissisme. Sous couvert de livrer à la psy de sa sœur tous les éléments nécessaires, c’est bien lui-même avant tout qu’il raconte. C’est une ficelle un peu grosse pour justifier la narration de tous les souvenirs de jeunesse, mais soit.

Bien loin d’un récit familial chronologique, on alterne histoire présente et souvenirs, certains remontant jusqu’à bien avant la naissance de Tom. Ils n’ont pas tous un réel lien avec le cœur du récit, et peuvent parfois être moins prenants, surtout quand le lien avec le drame actuel n’est vraiment pas évident, ce que note d’ailleurs plus d’une fois la thérapeute. Mais ils posent habilement le décor et l’ambiance. Car c’est cela qui est magique avec la plume de Pat Conroy : il sait capter tout le charme de son pays, derrière les défauts des hommes. Au fur et à mesure de la narration, et que les trois enfants Wingo grandissent, la tension se fait de plus en plus lourde, sans que le lecteur ne sache trop pourquoi jusqu'à la scène clé qui arrive de façon surprenante et met forcément en lumière le drame actuel.

Un roman dur à démarrer mais bien plus fascinant sur sa seconde partie et qui vaut le coup pour la description du Sud Américain dans les années 60.

"Je crois qu'elle se trompait ; mon mal était infiniment plus étrange. Je traînais dans ma vie d 'adulte la nostalgie d'une enfance volée. Je rêvais d'élever mes enfants dans un Sud dont j'avais été dépouillé par ma mère et mon père. Ce que je désirais par-dessus tout, c'était une vie pleine de vigueur. J'avais un savoir à transmettre à mes enfants, et ce savoir-là n'avait rien à voir avec les grandes villes. Savannah ne comprenait pas que j'avais un besoin essentiel d'être un homme respectable, rien de plus. Le jour de ma mort, je voulais qu'en m'embrassant une dernière fois Sallie dise : "Je ne me suis pas trompée en le choisissant pour mari." Telle était la seule flamme qui me portait, l'unique idée que je consignais pour en faire le principe premier de ma vie d'homme." (p°915)

Le Prince des Marées, de Pat Conroy
Traduit par Françoise Cartano
Pocket
Août 2012

Commentaires

dasola a dit…
Bonjour, j'ai lu ce roman il y a presque 30 ans et il m'avait laissé un sentiment mitigé. Et pourtant, c'est presque devenu un roman "culte". Je suis contente de lire un article plus mitigé. Bonne après-midi.
La chèvre grise a dit…
@Dasola : oui, c'est très bizarre d'être plutôt mitigée sur un roman culte comme celui-ci. On s'attendrait à aimer ou détester, pas à être dubitative :)
Lilly a dit…
C'est un livre qui a très bonne presse sur la blogo. Ma première lecture de l'auteur m'a laissé une impression un peu mitigée. Comme ça racontait aussi l'histoire d'une famille , donc j'hésite à sortir "Le prince des marées" de ma PAL.
La chèvre grise a dit…
@ Lilly : s'il y est il faudra bien qu'il sorte un jour :)
Blague à part, c'est sympa à lire quand même, ce n'est pas non plus une torture. Commence le à un moment où tu n'attends rien de particulier et où tu as un peu de temps devant toi.

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