Le sculpteur [Scott McCloud]

L'auteur : Né en juin 1960 à Boston, Scott McCloud est un auteur de bandes dessinées américain, connu surtout pour ses essais sur le 9e art.

L'histoire : En mal d'inspiration, David Smith, jeune sculpteur torturé se voit proposer un pacte qui lui permettra de réaliser son rêve d'enfance : sculpter ce qu'il souhaite à mains nues.

Mais rien n'est éternel et tout a un prix. En échange de sa vie, il aura deux cents jours pour créer son Œuvre. Et il va le payer encore plus cher : au lancement du compte à rebours, il rencontre le grand amour... De quoi ébranler toutes ses certitudes.

Mon avis : Voici donc la réinterprétation moderne du mythe de Faust par Scott McCloud, grand théoricien de l'art de la bande dessinée. Il aura travaillé cinq ans sur cette oeuvre, celle d'un jeune homme, David Smith (nom des plus banals) qui, voulant vivre son art pleinement, accepte de mourir au terme de 200 jours en échange de la capacité de sculpter tout ce qu'il touche avec ses mains. Un pacte avec le diable donc. Lui qui se croyait totalement dévoué à son art va bien sûr rencontrer l’amour, ce qui remettra tout en question.

Au-delà de la réflexion sur la fragilité du temps qu'il nous reste et sur l'intérêt de la vie, c'est bien sûr la créativité de l'artiste que l'auteur interroge. Comme une mise en abîme de ses propres motivations peut-être. Son David est un artiste qui vit, respire pour son art. Pour lui, la vie se limite à ce que ses mains peuvent et devraient produire. Le temps lui étant compté, il doit créer, et vite. Mais alors, vit-il vraiment ce qui lui reste de temps, uniquement préoccupé par ses créations, dans l’urgence permanente ? Le tic tac de la pendule l'obnubile, rappelant qu'en 500 pages et 200 jours, c'est un condensé de vie qui nous est donné pour raconter une histoire éternelle.

Planche Le sculpteur de Scott McCloud
Visuellement, c'est splendide. Scott McCloud opte pour une monochromie en camaïeux de bleu, de noir et de blanc, a un trait sur et précis, presque trop scolaire tant il est très appliqué, mais qui donne des planches vraiment belles surtout lorsqu’elles sont pleine page. Et surtout, il a une façon de rendre le mouvement qui rappelle fortement les comics américains, d’autant que le don de son personnage flirte parfois avec le super-pouvoir. Les images où David façonne à mains nues la matière sont impressionnantes.

C’est indubitablement un album remarquable. Sauf que le sujet de l’artiste et de sa créativité ne m’a jamais trop parlé. J’ai donc lu cet album avec intérêt mais comme à distance. Et puis tout est un peu trop lisse et sans aspérité, comme s’il fallait faire l’album parfait, au risque de tendre trop à mon goût vers l’exercice de style plutôt qu'un récit original.

Le sculpteur, de Scott McCloud
Traduit par Fanny Soubiran
Éditions Rue de Sèvres
Mars 2015

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Le sujet ne me tente pas non plus, mais peut-être pour le dessin.

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