La forme de l'eau, de Guillermo del Toro

Film américain de Guillermo del Toro, sorti le 21 février 2018, avec Sally Hawkins, Michael Shannon et Richard Jenkins.

L'histoire : Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…

Mon avis : Indubitablement un très beau film ! Bon, j'ai tout de même quelques petites réserves, mais elles sont minimes.

D'abord, le réalisateur nous livre là un panel riche d'émotions simples mais aussi parfois plus complexes : ode à la différence et à l'écoute de l'autre, œuvre humaniste pleine d'humour, on peut y voir également comme souvent dans ses films, un message politique. La scène initiale d'ailleurs a du faire bondir les puritains Américains. Les corps, la peau, l'enveloppe charnelle varient, mais chacun est au final une créature vivante qui a droit au respect élémentaire. Face à un Michael Shannon qu'on adore détester, les petits font face ensemble.

La forme de l'eau est aussi un film hommage à bon nombre de grands titres du cinéma : on pense à La Belle et la Bête globalement, mais certaines séquences sont de l'ordre du clin d’œil : Edward aux mains d'argent lors que la créature joue de ses doigts pour saisir, les vieilles comédies musicales en noir et blanc...

La créature surtout est étonnamment réussie, très crédible et magnifique. La mise en scène est fluide, comme l'eau qui coule, histoire de filer la métaphore. Mention spéciale au générique de début, tout à fait étonnant. On note qu'aucun plan n'est fixe, ce qui renforce le sentiment d'immersion dans un autre monde, appuyé par de fabuleux acteurs et magnifiquement servi par la musique d'Alexandre Desplat. L'image est elle saturée de bleus et de verts.

Je vous disais que j'avais quelques réserves cependant : elles sont essentiellement sur l'histoire, dans laquelle j'ai mis un peu de temps à plonger, déstabilisée que j'étais par la multiplicité des genres, et qui est somme toute celle naïve et ultra-classique du monstre et de la belle incompris. Il manque la dimension historique forte que Guillermo del Toro avait donné à son Labyrinthe de Pan. Ici, nous jouons plus légèrement sur les aspects de la Guerre froide et la course à la Lune.

Beau conte fantastique comme on en voit peu actuellement, qui promeut la différence et l'ouverture d'esprit. Peut être le film de l'année. En tout cas un film à ne pas rater !

Commentaires

Violette a dit…
tentant ! quelle belle affiche pour commencer !
La chèvre grise a dit…
@ Violette : J'avoue que je n'avais pas plus vu l'affiche que ça. Le simple nom du réalisateur a suffi pour nous faire aller au cinéma. Et on ne le regrette pas !

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