Shutter Island [Christian de Metter]

L'auteur : Né en décembre 1968, Christian de Metter est un auteur de bande dessinée français. Son adaptation en 2008 du thriller Shutter Island de Dennis Lehane lui a valu les prix des libraires de bande dessinée et Mor Vran de la BD.

L'histoire : Nous sommes dans les années cinquante, au large de Boston, l'îlot de Shutter Island abrite un hôpital psychiatrique où sont internés des criminels. Lorsque le ferry assurant la liaison avec le continent aborde ce jour-là, deux hommes en descendent : le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule. Ils sont venus à la demande des autorités de la "prison-hôpital" car l'une des patientes, Rachel Solando, manque à l'appel. Comment a-t-elle pu sortir d'une cellule fermée à clé de l'extérieur ? Le seul indice retrouvé dans la pièce est une feuille de papier sur laquelle on peut lire une suite de chiffres et de lettres sans signification apparente. Œuvre d'une malade ou cryptogramme ? Au fur et à mesure que le temps passe, les deux policiers s'enfoncent dans un monde de plus en plus opaque et angoissant.

Mon avis : J'ai tout fait dans le mauvais ordre, pour changer. Je connais l'histoire de Shutter Island par le film de Martin Scorcese, magnifique, mais je n’ai pas lu le roman de Dennis Lehane. Cette adaptation de Christian de Metter se situe entre le roman et le film.

J'ai trouvé que le choix des couleurs, tout en tons verdâtres et sépia, rendait particulièrement bien l’ambiance étouffante alors même que la tempête se déchaîne. Les aquarelles sont maîtrisées et il y a peu de lumière pour rendre cette histoire glauque à souhait, rendant autant les tourments des hommes enfermés que des professionnels en tout genre qui circulent sur l'île. Par contre, le dessin très sombre rend difficilement la complexité de certaines situations et l’importance de détails, comme le physique de Dolores dont Teddy rêve, ou même la distinction entre les représentations de Teddy et de Chuck, bien trop semblables à mon goût.

Shutter Island, de Christian de Metter, page 10

L'histoire, on le sait, est très habile et prenante. L'exercice de l'adaptation en album est compliqué par contre et j'ai trouvé que l'auteur décortique bien moins la psychologie de Teddy que ne peut le faire le film, ce qui limite la compréhension. Par contre, il joue parfaitement de l’eau qui ruisselle de partout pour faire monter l’angoisse pendant que les deux enquêteurs plongent dans les méandres de l’esprit humain et dans la folie qui définit tous les hommes de cette île hôpital-prison. Car oui, les médecins peuvent parfois être aussi atteints que les patients qu’ils suivent, même si là encore, Christian de Metter n'insiste pas particulièrement. Dans ces années 50, c’est toute une conception de la médecine psychiatrique qui est à inventer.

Dans le film de Scorcese, la fin est claire et la dernière phrase de Leonardo di Caprio en forme de twist donne clairement toutes les réponses. Ici, pas de twist mais du coup pas non plus d’ouverture à interprétation. On reste dans la droite narration de ce qui nous est conté plus tôt. J’aurais aimé que l’auteur développe davantage le flou sur qui pouvait être fou, ce que recherche Teddy exactement, que ce soit dans un sens ou dans l’autre.

Bref, j'ai trouvé que l'ambiance était parfaitement rendue mais que les tourments des personnages étaient par contre trop survolés pour donner la bonne ampleur à ce récit.

Shutter Island, de Christian de Metter
Éditions Casterman
Mai 2008

Commentaires

Lilly a dit…
J'ai beaucoup aimé le film, et je me suis promis il y a très longtemps de lire le livre (d'ailleurs, en lisant le résumé, je réalise que je ne me souviens plus de grand chose, sauf de la fin évidemment). J'aime beaucoup les couleurs choisies moi aussi, mais c'est dommage si la double lecture n'est pas bien rendue en effet.
Valérie a dit…
Je n'ai lu ni la BD ni le roman mais j'avais adoré le film.
dasola a dit…
Bonjour La chèvre grise, j'ai vu le film (bof), j'ai lu la BD (pas mal) mais je préfère le roman. Bonne après-midi.
La chèvre grise a dit…
@ Lilly : j'ai un peu hésité à lire le roman mais je connais bien le film, je viens de lire la BD, priorité à d'autres lectures inconnues. Il y a trop de choses à lire dans l'océan :)

@ Valérie : tout comme moi.

@ Dasola : pas lu le roman, et pas l'intention de le lire. Pourquoi n'as-tu pas aimé le film ?

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