La mort de Staline : une histoire vraie... soviétique [Nury & Robin]

Les auteurs : Katanga, Silas Corey, Tyler Cross... Fabien Nury n'est plus à présenter sur ce blog. Cette fois, il s'associe au dessinateur français Therry Robin, né en 1958, qui est aussi scénariste et coloriste, et le créateur de Petit Père Noël avec Lewis Trondheim avec qui il partage son atelier.

L'histoire : Le 2 mars 1953, en pleine nuit, Joseph Staline, le Petit Père des peuples, l'homme qui régna en maître absolu sur toutes les Russies, fit une attaque cérébrale. Il fut déclaré mot deux jours plus tard. Deux jours de lutte acharnée pour le pouvoir suprême, deux jours qui concentrèrent toute la démence, la perversité et l'inhumanité du totalitarisme.

Mon avis : Je poursuis ma découverte des œuvres de Nury et je tombe, pile au moment où l’adaptation au cinéma sort en salles, sur ce diptyque à la bibliothèque. Ni une ni deux, je l’emprunte.

Staline, c’est le taulier de l’Union soviétique. Lorsqu’il agonise, ses compères qui forment le Comité Central sont effarés, puis effrayés. C’est que lorsque Staline commandait, il fallait agir, sans poser de question. La moindre hésitation pouvait mener à la déportation ou à l’exécution. Alors, sans quelqu’un pour imposer sa volonté, les éminents membres du Comité seraient presque perdus. Après la surprise, les petits calculs et les manœuvres les plus basses se font autour du presque cadavre… Le menant à sa perte, car il a tout fait pour désorganiser et rendre inefficace l’appareil d’État.

Aucun médecin ne veut prendre la responsabilité de diagnostiquer ou de proposer un traitement. Il faut dire que tous les hommes compétents ont été abattus pour coalition avec l’ennemi. Aucun haut responsable ne veut prendre la responsabilité d’une action qui pourrait entrainer la mort du Petit père des peuples. Au risque qu’il survive ou qu’il ne meure, car dans les deux cas les têtes peuvent tomber. Les directives sont envoyées avant d’être immédiatement contredites. Paralysés par la terreur et la paranoïa, les protagonistes osent à peine respirer. C’est une véritable farce que le premier tome. Avant de se lâcher complètement dans le second qui met en scène une guerre des clans pour trouver le successeur de Staline, entre Beria et Khrouchtchev. Les grandes idées socialistes communistes sont vite oubliées au profit d’ambitions personnelles qui flirtent avec la survie.

Comme toujours avec Nury, cette œuvre est magnifiquement documentée. Elle repose sur une vérité historique dont l’auteur sait se servir et la pimente comme il faut, ajoutant des éléments imaginaires pour donner toute la saveur à son récit. Dont ce fameux message qui provoque l’attaque cérébrale. Nury sait rendre simple à suivre les manœuvres de ces politiciens. On rirait presque de voir les protagonistes gesticuler dans tous les sens, si on oubliait que ce sont eux qui dirigeaient la destinée de millions de Russes. La folie seule semble être aux commandes d’une utopie humaniste totalement corrompue par l’Homme.

Je n'ai pas été très fan du dessin de Thierry Robin, mais son trait sait s’éloigner du réalisme pour mettre en avant la farce plutôt que la tragédie. Ca accentue le côté un peu schizophrène que ressent le lecteur, qui hésite tout le temps entre rires et larmes. Le dessinateur choisit de travailler sur des couleurs sombres, à peine relevées par des pointes de rouge qui viennent souligner les choses. Et l’organisation astucieuse des cases permet de dynamiser un récit où il n’y a pas beaucoup d’actions.

Deux albums intéressants et qui m'intriguent suffisamment pour avoir envie de voir le film maintenant.

Feuilletez l’album ici.

La mort de Staline : une histoire vraie... soviétique, 2 tomes, de Fabien Nury et Thierry Robin
Éditions Dargaud
Octobre 2010 et Mai 2012

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Je ne savais pas que le film était une adaptation de la BD. Merci pour l'info.

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