L'Exécuteur de la haute justice [Jean d'Aillon]

Encore besoin d'une lecture doudou, j'ai plongé dans le tome suivant de la série Louis Fronsac de Jean d'Aillon, après La conjecture de Fermat qui m'avait passionnée.

L'histoire : Nous sommes en 1645 après la Conjuration des Importants. La cour de France se déchire à nouveau et un jeune homme de quinze ans arrive inopinément des Pays-Bas. Il serait le fils du duc de Rohan et pourrait devenir le chef de file des huguenots de France. Mais le duc d'Enghien laisse entendre qu'il est un imposteur...

L'ancien notaire, Louis Fronsac, désormais chevalier, sera chargé de découvrir la vérité. Aidé de son ami de toujours, Gaston de Tilly, ils mèneront l'enquête autour de la Bastille et dans la rue de la Pute-y-Musse et recevront l'aide d'un certain Jean-Baptiste Poquelin qui vient d'installer son Illustre Théâtre au jeu de paume de la Croix-Noire.

Mon avis : Déjà deux ans depuis ma dernière lecture d’une aventure de Louis Fronsac, désormais chevalier de Saint Michel et marquis de Vivonne par son mariage avec Julie. À croire qu’inconsciemment je me fixe un rendez-vous de lecture tous les deux ans avec Jean d’Aillon. Revenir à cette série est toujours un plaisir. On croise des personnages réels dans des situations tout à fait crédibles (le grand père de Voltaire, Molière a ses débuts). On apprend la grande Histoire au travers de la petite et le quotidien d’une vie au milieu du XVIIe siècle, avec un focus sur le métier de bourreau, plus joliment appelé exécuteur de la haute justice. Et surtout, on vit une aventure fort distrayante grâce à une belle plume.
Cette fois-ci, le duc d’Enghien embauche notre notaire pour enquêter sur la légitimité d’un prétendant au titre de duc de Rohan : s’agit-il d’un bâtard ou d’un fils de sang ? La réponse pourrait changer beaucoup de chose pour le royaume de France, risquant de raviver une guerre entre catholiques et protestants. En parallèle, des corps mutilés sont retrouvés dans les recoins de la ville et viennent parasiter la recherche de Louis. Bien sûr, les deux problèmes viendront se percuter. Et j’ai beau connaître les ficelles, je me suis fait avoir comme un bleu, emportée que j’étais dans le récit. D’où mon envie au moment de la révélation finale de m’esclaffer : « Mais comment j’ai pu me faire avoir alors que c’était juste sous mon nez ?! »
Jean d’Aillon a le chic pour nous embarquer dans son histoire sans qu’on s’en rende compte. Il nous apprend et donne des repères historiques presque à notre insu, ce qui nous aide à comprendre les tenants et aboutissants des querelles politiques qui peuvent se jouer. Et malgré les sauts chronologiques ou les noms multiples que peut prendre un même personnage, en fonction du titre dont on va user pour l’incarner, il sait le faire habilement et sans perdre le lecteur. Parce qu’il faut bien trouver quelques défauts, on pourrait reprocher la lenteur de mise en marche de l’enquête. Le temps de planter le décor en 1630, puis de revenir en 1645 et de retrouver Louis à ses occupations dans le fief de Mercy, où l’enquête lui est confié. Mais ensuite, tout s’enchaine parfaitement. Et l’originalité de l’enquête tient au fait qu’on ne cherche pas le coupable d’un meurtre. Il s’agit cette fois de confirmer ou d’infirmer les liens généalogiques entre deux personnes, à une époque où les tests n’existaient pas !
Enfin, je ne boude pas mon plaisir de retrouver le personnage secondaire Gaston de Tilly, commissaire au Châtelet et ami de Louis Fronsac. Il apporte, avec son tempérament plus sanguin, une bouffée de spontanéité et de franchise qui amuse beaucoup.
L'Exécuteur de la haute justice, de Jean d'Aillon
Éditions du Masque
Janvier 2006

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Une série et des personnages que j'ai découvert il y a peu.

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