Fuki-no-tô [Aki Shimazaki]

Je continue le cycle L'ombre du chardon d'Aki Shimazaki, entâmée avec Hôzuki en 2016.
 

L'histoire : Atsuko est heureuse dans la petite ferme biologique dont elle a longtemps rêvé. Ses affaires vont bien, il lui faudra bientôt embaucher de l'aide. Quand son mari a accepté de quitter la ville pour partager avec sa famille cette vie à la campagne qui ne lui ressemble pas, elle a su reconnaître les sacrifices qu'il lui en coûtait. Mais une amie qui resurgit du passé la confronte elle aussi à des choix : Atsuko va devoir débroussailler son existence et ses désirs, aussi emmêlés qu'un bosquet de bambous non entretenu.

Mon avis : Après Hôzuki (physalis) donc, puis Azami (le chardon) et Suisen (le narcisse), c'est la fleur de pétasite qui est mise à l'honneur dans ce roman où on retrouve les personnages du premier titre. Atsuko, femme trompée, et son mari Mitsuo qui a mis fin à se relation adultère, sont heureux : lui a fondé sa propre revue et elle a repris l'exploitation agricole de son père. Elle s'épanouit dans cette activité et est soutenu par son mari qui l'aide autant qu'il peut malgré sa maladresse. Elle est elle-même.

Pourtant, l'arrivée d'une amie d'enfance va la chambouler. Elle doute de son couple. Lorsqu'elle a mis son mari devant ses responsabilités, elle n'aurait pas été triste de voir ce mariage se terminer.  Elle a été surprise de le voir si facilement renoncer à sa maîtresse, si sensuelle et féminine. D'autant qu'elle-même ne fait guère d'efforts comme dit sa mère, et se contente d'être bien dans sa peau avec son allure garçonne et ses cheveux courts. En retrouvant les émois de sa prime jeunesse, le voile va se déchirer. Mais saura-t-elle l'assumer ?

On se doute d'où le roman nous mène et c'est fait avec une belle délicatesse et une grande sensibilité, avec la justesse des mots qui fait le talent d'Aki Shimazaki. Mais ce qui est surtout intéressant ici, c'est cette mise en récit de la difficulté de se connaître et de ne pas s'oublier sur le chemin, pour faire plaisir à ses proches, pour répondre aux conventions sociales ou tout simplement parce qu'on ne s'est jamais posé la question.

Comme toujours, les phrases sont courtes, ciselées avec précision mais derrière se cache toute la complexité des sentiments humains et des traditions japonaises. 


Fuki-no-tô, d'Aki Shimazaki
Éditions Actes Sud
Avril 2017

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
J'avais beaucoup aimé sa première pentalogie, moins la suivante.
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-mot : le poids des secrets reste forcément en haut des listes. Mais j'aime son style toujours ciselé, je trouve que ce sont vraiment des lectures doudou, avec une économie de mots et pourtant une belle justesse. Je ne m'en lasse pas.

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