O'Boys [Philippe Thirault, Stéphane Colman et Steve Cuzor]

Les auteurs : J'avais déjà apprécié le travail de dessinateur de Steve Cuzor dans Cinq branches de coton noir. Cette fois, il s'associe à Philippe Thirault au scénario pour les deux premiers tomes et Stéphane Colman pour le troisième.

L'histoire : "Vous pouvez m'croire, quand vous voyez votre frangin mourir sous vos yeux, vous savez qu'à cet instant plus rien ne sera comme avant. Cette poisse, elle était bien trop lourde pour moi, alors quand j'ai fait la connaissance de Charley Williams, je m'suis dit qu'on pouvait faire un sacré bout de route ensemble.

Lui, le nègre avec sa guitare et sa musique du diable, et moi le petit blanc avec mon culot et ma gueule d'ange comme disait Tape-Dur, mon salaud d'père. C'est comme ça qu'on est devenus des "hobos", qu'on a "brûlé le dur" à travers notre bonne vieille Amérique pendant des années, sans trop réfléchir ! La vie était devant nous ; les embrouilles aussi...

Et puis l'un de nous deux n'est jamais revenu. Jamais. Ça, c'est notre foutue histoire à tous les deux ! Il était temps de vous la raconter."

Mon avis : Transposition libre dans les années 1930 du roman de Mark Twain, O’Boys est initié par Steve Cuzor qui trouve en Philippe Thirault le scénariste capable de mettre en histoire les images qui lui trottent dans la tête. Et effectivement, la filiation avec Les aventures de Huckleberry Finn est évidente.

On en retrouve bien l’ambiance faite d’aventures et d’humour, dans une Amérique rurale toujours profondément raciste, presque un siècle plus tard. La société est secouée par la crise de 1929 : les classes moyennes viennent grossir les rangs des pauvres et la violence est fréquente. La ségrégation est toujours d’actualité mais le blues nait et s’épanouit.

Huck est un jeune miséreux blanc, dont le père est violent et que la société veut civiliser malgré lui. Il croise le chemin de Charley, esclave noir rêvant de blues. Ce dernier, poursuivi pour un meurtre qu’il n’a pas commis, doit prendre la fuite et, accompagné de Huck, se lancent sur les chemins ferrés. Attirés par l’eldorado californien, ils deviennent des hobos. Si tous les deux sont pauvres, le regard posé sur eux est pourtant bien différent : Charley reste avant tout noir aux yeux de la société. Les deux compères vont s’entraider et avancer au milieu de beaucoup d’incertitudes.

Deux premiers albums passionnants de bout en bout, mais un troisième - est-ce du fait du changement de scénariste ? – qui perd en qualité : l’histoire semble s’enliser et la fin arrive hâtivement. La qualité du dessin est par contre évidente, clairement dans la lignée d’un Blueberry, tout en traits réalistes qui rendent à merveille cette période de la Grande dépression. La référence est d'ailleurs clairement revendiquée.


O'Boys, de Philippe Thirault et Steve Cuzor
Éditions Dargaud
2009 et 2012

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