Autonome [Annalee Newitz]

L'auteur : Née en 1969 aux États-Unis, Annalee Newitz est journaliste et co-fondatrice du site io9. Après plusieurs essais et nouvelles, Autonome est son premier roman.

L'histoire : 2144. Jack Chen, une ancienne scientifique et militante anti-brevets, synthétise désormais des médicaments pirates. Robin des bois des temps modernes, elle sillonne les océans dans son sous-marin, vendant ses produits à bas prix aux populations incapables de s'offrir les molécules originales. Mais sa dernière "création", dérivée du Zacuity, une pilule qui augment l'attrait pour son travail, semble provoquer une addiction très rapide, et les morts se multiplient. Toutes les victimes se sont, littéralement, tuées à la tâche.
Persuadée que ce n'est pas elle qui est coupable, mais la molécule originale, Jack va tout mettre en œuvre pour le prouver et trouver un remède. Mais, afin de la faire taire définitivement, on a lancé à ses trousses un biobot militaire, Paladin, dont c'est la première mission sur le terrain.

Mon avis : La quatrième de couverture me tentait bien, pourtant. Mais j’ai eu un doute dès les premières pages : l’auteur utilise un charabia pseudo-technico-scientifique qu’elle ne lâche malheureusement jamais au cour du récit. Comme si elle s’en servait abusivement pour planter un univers qui pourtant se tiendrait bien mieux sans cette overdose jargonneuse. Or, à partir de là, tout déraille.

D’abord parce que c’est vraiment gênant pour bien se représenter l’univers et même les personnages qui fourmillent de bidules et machins. En fait, l’auteur oublie de respecter le b.a.ba d’une description : donner à voir. On finit tout de même par distinguer les humains augmentés, les robots standard et les biobots (conscience et mécanisme robotique avec un cerveau humain pour la reconnaissance des visages).

La construction narrative est assez classique, alternant le point de vue de Jack et celui de Paladin. En ajoutant quelques flashbacks, on prend conscience que le monde du XXIIe siècle est tenu par les industries pharmaceutiques ayant les brevets et que tout tourne autour de l’asservissement, aussi bien humain que robot. À partir de là, de belles et intéressantes questions sont posées : rétro-ingénierie médicamenteuses, piratage de brevets, relations homme/machine, anthropomorphisation des robots, open-source, réflexions sur l’humanité et la liberté, intelligence artificielle, relation au travail. Beaucoup de sujets donc mais malheureusement juste effleurés, ce qui donne souvent lieu à des caricatures ridicules, comme la sexualisation de Paladin (bien mieux évoquée par un Grégoire Courtois dans Suréquipée). Voire pas traitées du tout comme la relation au travail nécessitant une drogue, qui n’est au final qu’un artifice narratif pour justifier d’une chasse à l’homme.

Les personnages peinent alors à prendre de l’envergure dans ce méli-mélo. Annalee Newitz les étouffe et les limite trop vite à son idée première : Jack est une pirate, Paladin un robot apprenant. Seule Med apporte une touche plus profonde en évoluant un peu.

Bref, un roman plein de bonnes idées mal exploitées.

Autonome, d'Annalee Newitz
Traduit par Gilles Goullet
Éditions Denoël
Mai 2018

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