Fugitive parce que reine [Violaine Huisman]

L'auteur : Violaine Huisman est née en 1979. Elle vit à New York où elle organise festivals et événements littéraires et réalise des traductions. Fugitive parce que reine est son premier roman ; il a remporté les prix Marie Claire du roman féminin et Françoise Sagan.

L'histoire : À travers ses yeux de petite fille, la narratrice raconte son enfance tumultueuse auprès d'une mère rayonnante, malgré ses fêlures et sa défaillance. Mais la plume de Violaine Huisman porte aussi la voix déchirante d'une femme, une femme avant tout, qui n'a jamais cessé d'affirmer son droit au rêve et à la liberté.

Mon avis : Erreur d'envoi lors du partenariat Folio, voici un roman que je n'aurais pas lu autrement. Je lis essentiellement pour m'évader du quotidien, vivre par procuration des aventures hors du commun. J'ai donc toujours du mal avec ce type de récit, en grande partie autobiographique, qui détaille la vie d'un personnage perdu dans une vie de tous les jours, il se refuse à une banalité tout à fait normale, et fait de sa vie et souvent de celles de ses proches un enfer. Même ci ceux-ci refusent de l'avouer. Et c'est bien le cas ici.

Violaine est la deuxième fille de Catherine Cremnitz. Diagnostiquée maniaco-dépressive, Catherine fait vivre des montagnes russes émotionnelles à ses enfants, passant de l'amour fou à la folie, de l'excessif à l'imprévisible, réalisant mille choses sans jamais s'en satisfaire, sombrant dans l'alcool et la drogue, fréquentant la bourgeoisie parisienne qui ne l'accepte pas, elle fille de prolétaires de banlieue. Parce qu'elle ne veut surtout pas reproduire avec sa progéniture le manque d'amour maternel qu'elle a subit et qui l'a profondément déchirée, elle va passer dans l'extrême inverse. Mais elle est tiraillée entre sa volonté de liberté et celle d'être une bonne mère, habitée par une soif de vivre et une folie destructrice.

À la lecture de ce roman, on se pose forcément la question : qu'est-ce qu'une bonne mère ? Celle qui réussit ? Celle qui aime ? Il est indéniable que les filles de Catherine l'aiment : le récit de Violaine est en soi une déclaration d'amour. Mais cet amour fait des dégâts des deux côtés. Comme je m'y attendais, je n'ai pas aimé la première partie de ce roman, faite des souvenirs d'enfance de l'auteur : décousu, fait d'images qui a mon sens se rapprochent de la maltraitance et pourtant racontées avec une bienveillance qui m'échappe. Étonnament, les deuxième et troisième parties sont plus intéressantes et faciles à lire, qui racontent chronologiquement l'histoire de cette femme, de son enfance à sa mort, jetant un éclairage différent sur ce destin familial. On découvre toute la complexité d'un être humain et toutes ses déchirures.

Je ne peux pas parler de coup de cœur, puisque je n'aime pas les récits malheureux et que ce roman génère en moi un sentiment ambivalent qui me met profondément mal à l'aise. Mais je reconnais ici un grand talent à l'auteur pour décrire une situation complexe et ne peux que conseiller cette lecture à tous les amateurs de ce genre de littérature.

Fugitive parce que reine, de Violaine Huisman
Éditions Folio
Mars 2019

Commentaires

keisha a dit…
Je me souviens du côté décousu au début, et n'ai pas persévéré;..
Alex Mot-à-Mots a dit…
Non, décidément, il ne me tente pas.
La chèvre grise a dit…
@ Keisha : oui, j'ai failli abandonner aussi, mais la deuxième partie est plus classique et du coup j'ai mieux accroché.

@ Alex Mot-à-mots : ce que je peux tout à fait comprendre.

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