Cinq branches de coton noir [Cuzor & Sente]

Les auteurs : Né en janvier 1971, Steve Cuzor est un dessinateur et scénariste de bande dessinée français. Il s'est associé à Yves Sente, scénariste de bande dessinée belge né en janvier 1964 pour Cinq branches de coton noir qui remporte le prix Coup de cœur au festival Quai des Bulles ainsi que le prix Diagonale du meilleur album. 

L'histoire : Philadelphie, 1776. George Washington commande à Betsy Ross le tout premier drapeau des futurs États-Unis d'Amérique. Sa domestique, Angela Brown, y adjoint en secret un hommage à la communauté noire : une étoile de cinq branches de coton noir, glissée sous l'une des étoiles blanches.
Douvres, 1944. Le soldat Lincoln reçoit une lettre révélant les mémoires d'Angela Brown. L'étoile qu'elle mentionne existerait-elle vraiment ? L'Histoire serait(elle à réécrire à la lumière de cette révélation ? De Paris libéré aux Ardennes enneigées s'engage pour trois soldats afro-américains un dangereux périple à l'issue inattendue...

Mon avis : Voici une bande dessinée historique tout simplement passionnante, mêlant à la fois faits réels et fictifs pour mieux emporter le lecteur. Elle nous parle du tout premier drapeau des Etats-Unis en se basant sur la légende de Betsy Ross en 1776 et va tirer le fil jusqu’à la création du corps des Monuments Men en 1941. Car le drapeau de Betsy recèle un secret : une étoile noire cachée parmi les 13 premières étoiles de la bannière. Quel magnifique symbole pour Lincoln, Tom et Aaron, trois soldats noirs engagés volontaires mais cantonnés, par leur couleur de peau, aux corvées de latrine à Douvres dans le cadre de l’opération Fortitude ! Grâce à la formation en histoire de l’art d’un de ces soldats, ils tiennent leur passeport pour aller au front et partir à la recherche de ce drapeau, spolié par les Nazis. S’engage alors une poursuite au milieu des champs de bataille : débarquement en Normandie, conquête de Paris, bataille des Ardennes…

Au centre, une seule thématique, celle de la lutte des Afro-Américains pour être reconnus comme des hommes à part entière et mettre fin à la ségrégation et au racisme dont ils sont victimes. La preuve : les vrais Monuments men n’ont jamais compté de Noirs dans leur régiment ! Entre le racisme du XVIIIe siècle et celui du milieu XXe siècle (on pourrait même dire encore aujourd’hui), si la situation s’est un peu améliorée, le combat reste malheureusement toujours d’actualité, ne serait-ce qu’en écoutant les commentaires de Jesse Owens.


Pour le dessin, beaucoup de noir et de blanc, avec un encrage dense. Cuzor favorise l’émotion plus que la reconstitution historique, facilitant ainsi l’identification, surtout avec les gros plans. Il y a une vraie osmose entre le fond et la forme. Quant aux couleurs de Meephe Versaevel, elles sont dans des tons monochromes qui varient entre les deux époques pour bien faciliter la narration.

Un vrai coup de cœur que je vous conseille fortement !


Cinq branches de coton noir, de Cuzor et Sente
Éditions Dupuis Aire Libre
Janvier 2018

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