La propriété [Rutu Modan]

L'auteur : Née en 1966,  Rutu Modan est une auteur de bande dessinée israélienne. Après avoir assisté à des cours donnés par Art Spiegelman, elle décide de se lancer dans le 9e art alors très peu représenté dans son pays. Elle l'y fait connaitre. Avec La propriété, son quatrième album, elle a reçu le Prix Eisner du meilleur album en 2014 ou encore le Prix spécial du jury au festival d'Angoulême la même année.

L'histoire : “Avec la famille, vous n'êtes pas obligé de dire l'entière vérité et ce n'est pas considéré comme un mensonge."
Après la Mort de son fils, Régina Segal emmène sa petite fille, Mica, à Varsovie où elles espèrent récupérer une propriété familiale spoliée pendant la seconde guerre mondiale. Une histoire de famille, de secrets, et d'amour.

Mon avis : Disons-le tout net, j’ai eu du mal à me lancer dans cet album du fait du dessin, que je trouve vraiment moche. Des couleurs fades, un dessin en Ligne Claire mou et sans aucun caractère. Seul point positif, il est très expressif. Mais cet album faisait partie des recommandations d’albums de Davodeau dans Les ignorants. Je l’avais donc emprunté à la bibliothèque et je me suis dépêchée de le lire avant de refaire le plein pour le confinement qui s’annonçait.


Malgré cette réticence première, et étonnamment, une fois commencé, j’ai été totalement happée par les deux personnages principaux et leur relation. L’objectif annoncé : récupérer une propriété familiale qui a été spoliée par les Nazis. Dans les faits, la propriété est un prétexte, pour l’une à la recherche des traces de son passé et pour l’autre à la recherche de son histoire familiale qu’elle ne connait pas. L’une vit un retour douloureux sur les traces du souvenir du ghetto de Varsovie. A l’inverse, sa petite fille est jeune et insouciante. Entre douleur et légèreté, le récit est protéiforme : historique, policier, humoristique voire touristique…

Rutu Modan évite d’aborder de front les interrogations existentielles. Mais pourtant, la quête de Régina et de Mica renvoie aux émotions, aux cachotteries et aux vérités. Leurs émotions d’ailleurs sont pleinement montrées : les bons moments oui, mais aussi les querelles, quitte à dévoiler le caractère de cochon de Régina et la ténacité de Mica. Elles se retrouveront finalement une fois la vérité révélée, après une série de rencontres et de malentendus.

Ça se lit bien et agréablement. Après, ça manque de profondeur à mon goût. Il faut dire qu'il aurait été difficile d'aller plus loin dans la description du ghetto de Varsovie et de garder ce ton d'humour qui fait aussi le charme de l'ouvrage.


La propriété, de Rutu Modan
Traduit par Rosie Pinhas-Delpuech 
Éditions Actes sud BD
Septembre 2013

Commentaires

keisha a dit…
OKOK faut se faire au graphisme, mais c'est tellement intéressant. Je l'ai découverte en lisant Exit wounds.
La chèvre grise a dit…
@ Keisha : oui, le graphisme on s'y fait, c'est vraiment pas un souci. Par contre, ça manque de profondeur je trouve, d'un petit supplément d'âme.

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