Population : 48 [Adam Sternbergh]

L'auteur : Adam Sternbergh est un auteur canadien vivant aux États-Unis, journaliste et notamment responsable des pages culture du New York  Magazine. Population : 48 est son dernier roman.

L'histoire : Caesura, Texas - minuscule bourgade clôturée, au fin fond du désert. Population : 48 habitants. Des criminels, a priori. Ou des témoins. Comment savoir ? Tous ces gens ont changé d'identité, et leur mémoire a été effacée. En échange de l'amnistie, les résidents doivent accepter trois règles simples : aucun contact avec l'extérieur, aucune visite, et aucun retour possible en cas de départ. Une expérience unique, menée par un mystérieux institut. Pendant huit ans, tout ce petit monde est resté à peu près en place. Jusqu'à aujourd'hui. Errol Colfax, en effet, s'est suicidé… avec une arme qui n'aurait jamais dû posséder. Puis Hubert Humphrey Gable est assassiné. Le shérif local est contraint de mener l'enquête au risque de déterrer des secrets que la plupart des habitants - y compris lui-même - auraient préféré voir rester enfouis…

Mon avis : Je ne sais encore plus où j’ai pu noter ce titre. Pourtant, à peine repéré, je suis passée en librairie et il n’a pas eu trop le temps de prendre la poussière. Il faut dire que la 4e de couverture m’intriguait, promettant un huis-clos avec une ambiance de thriller mâtiné de western. Après lecture, je peux dire que la promesse a été tenue.

Cela commence avec une pointe de science-fiction : il serait possible d’effacer certains souvenirs choisis de la mémoire d’un homme. Cela ouvre le champ des possibles : libérer une victime d’un traumatisme et réhabiliter des criminels indécrottables. Une fois les souvenirs effacés, il faut obligatoirement intégrer la ville de Caesura, surnommée Blind Town, qui n’existe sur aucune carte et paumée au milieu de Texas profond, et n’avoir aucun contact avec l’extérieur. Y vivent déjà 48 personnes. Qui n’ont plus aucune idée de qui elles étaient avant d’arriver ici : innocent ou coupable ? Tout est remis en question lorsqu’un crime est commis au sein de cette étrange communauté.

Ce pourrait être une banale enquête pour savoir qui est le meurtrier, mais en fait cette énigme est très rapidement résolue. Par contre, c’est le pourquoi qui va être intéressant : le lecteur est vite pris au piège de ces chapitres courts, rythmés, qui suivent différents personnages à tour de rôle. Le voile se lève petit à petit sur l’histoire de chacun. La violence sourd doucement et la tension monte jusqu’au dénouement.

Pour survivre, chacun n’a d’autre choix que de se croire du bon côté de la barrière morale. En somme, il est question de rédemption. Sur la thématique de l’importance de la mémoire dans la construction de la personnalité, Adam Sternbergh construit un roman efficace, même si on notera quelques manques de crédibilité par moment.

"Vous savez ce qu’on dit : si tu veux vraiment garder un secret, commence par le protéger de toi-même. C’est le principe fondateur de cet endroit. Vous coopérez. Vous parlez. Vos péchés sont effacés. Dans la plupart des cas, vous ne savez même plus qui vous étiez. Pour ces gens, c’est une bénédiction, croyez-moi." (p°66)

Population : 48, d'Adam Sternbergh
Traduit par Charles Bonnot
Éditions 10/18
Juillet 2020

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Le sujet est intéressant et déroutant.
La chèvre grise a dit…
@Alex Mot-à-mots : et c'est caché dans un polar qui se lit facilement en plus.

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