La plus précieuse des marchandises : un conte [Jean-Claude Grumberg]

L'auteur
: Jean-Claude Grimberg est un dramaturge, scénariste et écrivain français, né en juillet 1939. Son père et ses grands-parents sont raflés devant lui et déportés. Ils ne reviendront jamais.

L'histoire : Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron.
Non non non non, rassurez-vous, ce n’est pas Le Petit Poucet ! Pas du tout. Moi-même, tout comme vous, je déteste cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir ? Allons...
Dans ce grand bois donc, régnaient grande faim et grand froid. Surtout en hiver. En été une chaleur accablante s’abattait sur ce bois et chassait le grand froid. La faim, elle, par contre, était constante, surtout en ces temps où sévissait, autour de ce bois, la guerre mondiale.
La guerre mondiale, oui oui oui oui oui.

Mon avis : Qu’il est difficile de parler de ce récit, tant la forme du conte, souvent légère et rappelant l’enfance, est loin du fond. Dire qu’on aime un récit, hanté par la mort et la rage de vivre, est compliqué.

Hanté par la disparition de sa famille en 1942, Jean-Claude Grumberg en imprègne profondément toute son œuvre, ici un conte au goût de cendres et d’espoir. Un homme, sa femme et leur deux faux-jumeaux quittent Drancy pour un train de marchandises, destination l’horreur. Pris de folie, le père décide de faire passer la fenêtre du train un de ses enfants, enveloppé dans un châle de prière. Il n’espère qu’une chose : la survie pour ce petit être. Coup de chance : une femme pauvre mais en manque d’enfants, recueil l’enfant et l’élève comme le sien, au milieu de la haine profonde qui dirige le monde.

Dans ce que l’auteur nomme un conte, il y a beaucoup de méchants et quelques rares gentils qui mettent leur vie en danger pour sauver un être sans défense promis à la mort. Il n’y a aucun nom, aucun lieu. Pourtant, tout le monde reconnaîtra quand et où se déroule l’action : nous sommes en plein seconde guerre mondiale, alors que les nazis et leurs collaborateurs mènent une chasse effrénée contre les juifs.

Il n’y a pas vraiment de morale non plus à ce conte, juste une lueur d’espoir en l’humanité face à l’atrocité. Récit terrible, qu’on lit comme en apnée. Fort !


La plus précieuse des marchandises, de Jean-Claude Grumberg
Éditions Seuil pour Kindle
Janvier 2019

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
L'aspect conte m'avait gêné.
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-mots : j'ai trouvé au contraire que c'est ce qui donne toute sa force à ce récit, par ailleurs sinon déjà lu. Ca renouvelle un peu ce genre d'histoire. Mais je peux comprendre que ça perturbe vu le sujet !

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