Ne m'oublie pas [Alix Garin]

L'auteur
: Née en 1997, Alix Garin est une autrice de bande dessinée belge, récompensée notamment par le concours Jeunes Talents du festival Quai des Bulles de Saint Malo en 2017.

L'histoire : La grand-mère de Clémence souffre de la maladie d'Alzheimer. Face à son désespoir, elle prend la décision de l'enlever de la maison de retraite et de prendre la route en quête de l'hypothétique maison d'enfance de sa mamie. Une fuite, une quête, un égarement, l'occasion de se retrouver ? À moins que ce ne soit plutôt des adieux...

Mon avis : Un album que je ne pensais pas autant apprécié, du fait du sujet, infiniment délicat et qui trouve une résonance particulière en moi. Mais Alix Garin fait preuve de beaucoup de tact et de sensibilité, sans pathos pour autant, pour aborder la maladie d'Alzheimer et surtout la sensation de perte forte qui en découle pour les proches. Car il n'est en fait pas tellement question de la grand-mère ici, Marie-Louise, mais bien plutôt de Clémence elle-même qui ne se résout pas, contrairement à sa mère, à la perte de tout ce qui la lie à son aïeule. Comme un pied-de-nez au destin, ou dans une vaine tentative de retrouver celle qui l'a élevée, elle se lance dans un road trip et dans une course contre le temps.

En perdant sa grand-mère, Clémence devient adulte. Elle coupe le lien avec les générations précédentes, de façon douloureuse. Mais c'est souvent le cas après tout. Ici, c'est douloureux car progressif. On voit l'histoire d'une vie fuir dans les yeux de l'autre. Clémence s'accroche alors à des souvenirs d'une enfance parfaite. À l'inverse, Marie-Louise semble retomber en enfance, perdant tout un pan de ce qu'elle fut pour se réfugier à une époque plus douce, où l'amour de ses proches lui était acquis sans bataille.



Les couleurs douces, pastels, parfois de coucher de soleil, sont parfaitement adaptés. Le trait est simple et délicat pour dire les corps qui se font tantôt vifs et tantôt flétris, mais jamais honteux. Ils sont le reflet de ce que chacun a vécu. Le ton n'est pas dénué d'humour par moment. Et si il y a certains moments d'incompréhension entre les personnages, il y a rarement du jugement. Et le récit nous renvoie à notre propre perception de la vieillesse, celle des autres, de nos proches, et la nôtre un jour.

Un très bel album.

"Trop tard arrive plus vite qu'on le croit. Promets-moi de ne jamais oublier ça, Clémence."


Ne m'oublie pas, d'Alix Garin
Éditions Le Lombard
Janvier 2021

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