On l'appelait Vermicelle [Fanny Vella]

L'auteur
: Illustratrice depuis 2017 après une carrière dans l'accompagnement d'enfants en situation de handicap, Fanny Vella a surtout travaillé pour d'autres auteurs avant de sortir sa propre bande dessinée en 2020 avec Et si on changeait d'angle.

L'histoire : De sa naissance à son adolescence, Vermicelle tente d'échapper aux difficultés familiales qui la dépassent : absences, tabous, non-dits, violences et sexisme ordinaires. Forte de sa merveilleuse imagination, elle s'invente un univers coloré et lumineux dan lequel s'évader quand la vie s'emballe. Et nous voilà entraînés dan une fable familiale sensible et profonde : l'amour y est parfois maladroit parfois toxique, mais la résilience et le bonheur de Vermicelle, malgré des moments sombres, sont au bout du chemin.

Mon avis : Pour avoir une idée de l'ouvrage qu'on s'apprête à lire, il peut parfois être utile de regarder la ligne éditoriale d'une maison d'éditions. Ici, Leduc Graphic est une maison qui explore par les ouvrages publiés des sujets de santé, de développement personnel et de société. Elle permet de remettre en question le regard d'une société sur des aspects qui ne questionnent pas forcément immédiatement. Dans On l'appelait Vermicelle il est question de l'impact des mots sur la construction d'un enfant.
 
Par maladresse, ou par manque de temps pour expliquer, les parents de Vermicelle ne mesurent pas l'impact de certains de leurs mots sur leur fille. Accaparés par le handicap de leur cadette, l'aînée est laissée un peu à elle-même. Heureusement, si elle est très sensible, elle est aussi pleine de ressources qui vont, au fil des années, lui permettre de trouver la résilience. 
 
Fanny Vella décortique les émotions de Vermicelle pour permettre aux parents-lecteurs de se remettre en question sur leur pratique éducative. En choisissant de le faire à hauteur d'enfant, l'autrice joue sur l'accumulation de situations difficiles à vivre et pointe avec justesse toutes ces blessures que des mots le plus souvent maladroits peuvent provoqués, parfois durablement. Avec une telle construction, on pourrait craindre que Vermicelle ne soit une enfant maltraitée. Il n'en est rien et il faut un peu de temps pour que le lecteur le comprenne. Car si le récit dénonce, il n'offre par contre pas vraiment de clés pour mieux gérer les moments difficiles, laissant les parents potentiellement désemparés, conscients du problème mais sans réelle solution.
Le dessin vif et par moment très coloré, d'une grande simplicité met bien le focus sur le propos tout en évitant de tomber dans le pathos quand les thèmes à peine évoqués sont particulièrement graves (je pense à ce qui a pu se passer en colonie de vacances qui est vite balayé malgré la gravité).

Attention, le titre au passé pourrait laisser croire à une fin macabre, il n'en est rien. Ne craignez donc pas une lecture trop sombre. Les parents de Vermicelle sont maladroits mais aimants et ils feront le nécessaire derrière leur fille pour l'accompagner au mieux. Tout se termine donc bien.


On l'appelait Vermicelle, de Fanny Vella
Éditions Leduc Graphic
Octobre 2021

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La cité Abraxas

Thérapie [Sebastian Fitzek]

Musée du Quai Branly #4 : Amériques