Maus [Art Spiegelman]

L'auteur : Art Spiegelman est un illustrateur et auteur de bande dessinée américain, né en février 1948 en Suède. Figure phare de la bande dessinée underground américaine des années 1970-1980, il est à partir du milieu des années 1980 surtout connu pour sa bande dessinée Maus, qui reçu le Prix Pulitzer.

L'histoire : A travers le dialogue de l'auteur et de son père, cette bande dessinée retrace l'histoire d'un juif polonais, qui a connu les ghettos de Pologne et Auschwitz, et de sa famille. Elle commence avant la Seconde guerre mondiale et se termine à la mort du père, beaucoup plus tard, aux Etats-Unis. Le récit du père est entrecoupé de scènes montrant des relations difficiles entre un père et son fils.

Mon avis : Lu encore une fois grâce au CE de ma moitié. Voici une oeuvre très connue qui m'attirait mais me faisait peur. M'attirait par sa façon novatrice d'aborder le sujet de la déportation, me faisait peur justement par ce sujet (j'ai été très impressionnée par un roman comme Si c'est un homme de Primo Lévi, et j'ai eu du mal à m'en remettre).
Le dessin est simple, et du coup, porte directement au coeur du sujet. L'image n'est pas saturée, et, malgré sa simplicité, n'est pas dénuée d'une sorte de beauté. Le passage par des animaux permet à tout un chacun de se sentir concerné, puisqu'il n'y a aucune caractéristique humaine à laquelle se raccrocher. De plus, les juifs sont dessinés en souris et les allemands en chats, ce qui souligne bien le côté proie-prédateur (on pense tout de suite au jeu du chat et de la souris lorsque les juifs sont amenés à se cacher dans les ghettos) et les enjeux de survie qu'il y a derrière. D'après Wikipédia, il faut y voir également une référence aux images de propagande nazie.
Cette œuvre réussit à bien montrer beaucoup de caractéristiques de ce que les gens ont vécu là-bas, que ce soit la déshumanisation, la peur, le chacun pour soi, mais également la culpabilité de la génération d'après à se construire dans l'ombre des ces parents survivants, porteuse de ce terrible passé, d'un devoir de mémoire, mais en même temps avide de tourner la page. L'auteur, symbole de cette nouvelle génération, a du mal à comprendre son père qu'il décrit comme un avare, grincheux, qui se plaint tout le temps, incapable d'être reconnaissant et de profiter de la vie, misogyne. On sent que lien et la communication entre ces deux générations sont difficiles à établir.

Une oeuvre dont je vous recommande fortement la lecture !

Commentaires

Theoma a dit…
Une BD qui est difficile à lire (tant le contenu que la forme) mais une lecture puissante.
La chèvre grise a dit…
La forme est originale pour le contenu, et c'est vrai qu'on ne peut oublier cette oeuvre...
Nane a dit…
Sûrement moins marquante que cette BD, mais caractérisée également par une utilisation de figures animales pour symboliser les comportements humains, je te recommande "Blacksad", notamment le Tome 2, le plus abouti.

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