Terre des affranchis [Liliana Lazar]

L'auteur : Liliana Lazar est une écrivaine roumaine née en 1972 dans la région de Moldavie. Elle écrit en français. Après avoir passé sa jeunesse dans la forêt de Slobozia où son père était garde forestier, elle étudie la littérature française à l'université. Quittant la Roumanie après la chute de Ceauşescu, elle s'installe dans le sud de la France. Elle écrit ainsi son premier roman, Terre des affranchis, en français, en lui donnant pour décor cette forêt de Slobozia qu'elle connaît si bien.

L'histoire : "Victor ouvrit un cahier et prit sa plume. Sa main tremblait au moment d’écrire le premier mot du texte qu’il découvrait. D’un geste méthodique et lent, il traça de grosses lettres capitales sur la feuille." Le manuscrit dactylographié en roumain que Victor Luca s’apprête à recopier est un livre interdit car, en cette année 1972, Ceauşescu est au pouvoir et les temps sont à la répression. Pourquoi Victor écrit-il ? Pour oublier l’odeur de la mandragore qui émane parfois des corps sans vie de jeunes filles ? Pour combler le vide des jours de solitude et d’enfermement ? En attendant la nuit et ses promesses d’évasion vers la forêt, immense et mystérieuse, toute proche ? Peut-être pour trouver la paix, qui tarde à venir.

Mon avis : Voici un roman qui ne fait pas partie de mon objectif PAL, pour la bonne raison qu'il m'est arrivé par la Poste, le mois dernier, grâce à Babelio, comme je vous l'avais annoncé ici.

Par son attachement à un lieu qui effraie tous les habitants du village, Victor entre dans une spirale criminelle. Il s'en veut certes et cherche la rédemption dans l'écriture de lettres, seule activité que lui permet son enfermement à vie chez lui plutôt qu'en prison. Mais il est difficile de s'attacher à ce personnage, qui retombe dans son travers à la moindre occasion, allant jusqu'à commettre un viol ! Un être qui attend que Dieu le sauve mais sans chercher, comme lui explique l'ermite Daniel, le don de soi total. Sans être croyante, je vois quelque chose de choquant à attendre d'être pardonné sans rien faire pour mériter ce pardon après un (des) crime(s) aussi horrible(s) ! Surtout lorsque il est soutenu inconditionnellement par sa famille et par Daniel ou Ismaïl le tzigane.
À côté de ça, Liliana Lazar a l'art de faire naître devant nous un monde plein de superstitions, qui balance entre crainte de la censure communiste et religion, plein de contradictions, d'hypocrisie, de peur et de haine de l'autre, de croyances populaires aussi. Un monde où la nature est une force propre. L'auteur a un talent indéniable pour les descriptions qui s'avalent et nous portent dans un monde que pour ma part je ne connaissais pas. On croirait par moment lire un livre de contes et légendes de la Roumanie.
Puis, sur les dernières pages, la lumière se fait. On comprend l'intérêt de cet anti-héros, représentant la Roumanie et sa recherche d'absolution des horreurs du régime communiste mais également la nature humaine profonde, hypocrite et qui ne change jamais complètement.

Ce premier roman de Liliana Lazar est une réussite, sombre, fort et dérangeant.

Un grand merci en tout cas à Babelio et à Gaïa Éditions. Je vous invite à aller lire l'avis de Leiloona qui a reçu le même livre que moi !

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Commentaires

Leiloona a dit…
Je ferai mon billet dans la journée, quand j'aurai un peu plus de temps ! :))
La chèvre grise a dit…
Pas de problème, je réactualiserai le lien une fois que ton billet sera publié.

J'ai hate de savoir ce que tu en as pensé.
Marie a dit…
Ce roman a l'air impressionnant !
Marie a dit…
Ca y est, avec du retard, mais j'ai quand même répondu à ton tag de l'automne ! :-)

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