Voyage au bout de la nuit [Louis-Ferdinand Céline]

L'auteur : Louis Ferdinand Auguste Destouches, plus connu sous le nom de Louis-Ferdinand Céline, est né en 1894 et mort en 1961. C'était un médecin et écrivain français, parmi les plus traduits et diffusés dans le monde. Antisémite convaincu, il publie plusieurs pamphlets en 1930 et collabore avec les nazis, avant de s'enfuir, peu de temps avant la libération, en Allemagne, puis au Danemark avant de rentrer en France après avoir été amnistié.

Ce livre obtient le prix Renaudot en 1932.

L'histoire : Ferdinand Bardamu, par excès d'héroïsme et fanfaronnade, s'engage dans l'armée. Très vite, il fuit les combats de la guerre de 14-18, d'abord dans un hôpital avant d'être complètement démobilisé. Puis il part tenter une autre vie en Afrique, avant d'atterrir aux États-Unis. A bout d'espoir, il revient en France terminer ses études de médecine et s'installer dans un cabinet près de Paris. Au bout d'un moment, là encore, il quittera sa situation pour tenter autre chose, allant au plus profond de lui-même, jusqu'à la fin.

Mon avis : La première chose que l'on remarque, c'est le style ! Remis dans le contexte de l'époque, on peut comprendre le choc que ce livre a du provoquer.
Un langage parlé, avec une apparence de relâchement, tellement la construction est subtile. Cela se voit par les constructions grammaticales des phrases, qui font se juxtaposer parfois des termes d'argot des rues et des termes d'une langue plus relevée.
Je m'attendais à un roman sur les horreurs de la guerre de 14-18. En fait, c'est loin d'être le sujet principal du roman. La guerre ne tient que pendant les 100 premières pages. Mais rapidement notre anti-héros va vouloir quitter cet enfer, absolument pas gêné par des considérations patriotiques, et après plusieurs séjours en hôpital, il est réformé. Il expose ainsi ce qui est pour lui la seule façon raisonnable de résister à une telle folie : la lâcheté. Il est hostile à toute forme d'héroïsme, celui-là même qui va de paire avec la guerre. Commence alors l'errance autour du monde.
En Afrique d'abord, où il dénonce le colonialisme, puis en Amérique, où il se heurte au capitalisme à outrance. Il rejette toute annihilation de sa volonté propre, envoie paître sans vergogne la hiérarchie, qu'elle soit militaire ou civile, quittant son poste sans prévenir.
Le voyage est certainement un thème important du livre : Bardamu a la bougeotte, il ne tient pas en place, d'où une impression de dérive permanente, de fuite en avant, sans but. Il ne s'intègre nulle part, reste distant et analytique. Ces voyages qui devraient lui permettre de mieux se connaître, de se trouver, ne sont au final que des prétextes pour ne pas se fixer et s'intégrer.
Je ne peux pas dire que j'ai adoré cette lecture : j'ai mis du temps à en venir à bout, mais j'y suis arrivée, je n'ai pas été tentée d'abandonner. Cet univers est un peu trop sombre et nombriliste pour moi, dans la mesure où il ne se passe pas grand chose durant ce récit. Pourtant, je suis heureuse de l'avoir lu, d'avoir découvert ce style tout à fait remarquable de Céline et de connaître enfin ce pilier de la littérature française.

Une lecture commune avec Kali, allez vite voir son avis !


Objectif PAL : -64

Commentaires

Manu a dit…
Je garde un très mauvais souvenir de "Mort à crédit" de cet auteur, notamment à cause du style. Jamais eu envie d'en lire un autre.
La chèvre grise a dit…
Je ne pense pas me lancer, en tout cas tout de suite, dans un autre Céline.
Ori a dit…
Traumatisme de l'agreg, j'ai détesté lol!
Céline a dit…
J'ai très envie de le lire, même si j'imagine que la lecture ne doit pas en être aisée. Et que je n'aime pas trop les romans qui bougent tout le temps. Et que Bardamu ne m'attire guère...
Mais c'est un tel pilier de la littérature, que je m'y mettrai un jour !
Alicia a dit…
Je devais le lire pour l'université cette année.. ma lecture a été laborieuse, mais je suis parvenue à bout bien que je n'ai pas trop aimé..
La chèvre grise a dit…
@ Ori : c'est ça aussi de passer l'agreg' :-)

@ Céline : c'est un classique, c'est pour ça que je l'ai lu.

@ Alicia : c'est sur que pour la fac, il y a mieux :-)
Alex-Mot-à-Mots a dit…
Un de mes livre préféré, lu étant ado. Comme tu dis : un choc.
La chèvre grise a dit…
@ Alex-Mots-à-Mots : ça m'intéresserait de savoir ce qui t'a tant plu dans cette lecture. Si tu as envie de nous faire un billet...
sentinelle a dit…
Dans ma PAL depuis peu, je n'ai absolument aucun idée quant à savoir si je vais aimer ou non, tant les avis divergent. Je suis donc curieuse de le lire et compte me lancer prochainement.
La chèvre grise a dit…
@ Sentinelle : je pense qu'on ne peut pas rester indifférent. Rien que le style est marquant. Après,on aime ou pas, mais on ne reste pas entre les deux.

Posts les plus consultés de ce blog

La cité Abraxas

MAM Paris #10 : Le peignoir jaune de Tal-Coat

Musée du Quai Branly #4 : Amériques