La Terre des mensonges [Anne B. Ragde]

La Terre des mensonges a été un phénomène en Norvège : traduit dans plus de 15 langues, il obtient le prix Riksmal en Norvège (prix prestigieux) et a été adapté au théâtre et à la télévision. Une suite est attendue en 2010.
A noter le titre original qui se traduit par "Les peupliers de Berlin", et que je trouve beaucoup plus pertinent que celui de la traduction.
L'histoire : "Un registre de condoléances était ouvert, un stylo posé en travers de la première page. Une photo encadrée de la défunte la montrait en blouson sur une plage de galets, tenant à la main une racine d'arbre grise qui avait l'air d'un cygne."
Après la mort de leur mère, trois frères que tout sépare se retrouvent dans la ferme familiale. Tor, l'aîné, se consacre à l'élevage de porcs, Margido dirige une entreprise de pompes funèbres et Erlend est décorateur de vitrines à Copenhague. Les retrouvailles s'annoncent mouvementées : la tension atteint son paroxysme lorsque la question de l'héritage amène le père de famille à révéler un terrible secret.
Mon avis : Une histoire simple, une saga familiale décrite toute en douceur, sans grands mots. L'auteur nous plonge petit à petit, personnages après personnages, dans les relations complexes de cette famille qui s'est déchirée : un fils homosexuel qui doit partir de la ferme, un autre qui ne connaitra pas le fruit d'une seule nuit d'amour avec une femme qu'il a aimé, un autre qui ne connait pas les femmes, un père qui ne parle pas, ... tout ce petit monde se retrouve à l'occasion de l'hospitalisation de la mère.
Qu'est-ce qui me plait tellement dans ce roman ? Je ne saurais pas dire. Surement le talent de l'auteur (et aussi du traducteur) pour nous emporter dans ce vent frais de Norvège, ces images de fjords que je vois pour avoir eu la chance d'y aller, ces gens qu'on sent rongés mais tout prêts à s'aimer les uns les autres, à s'accepter, pour peu que chacun fasse le bon geste, ait la bonne parole au bon moment...
C'est triste, oui, un peu, mais c'est aussi beau. L'atmosphère de la ferme est très bien rendue. J'ai particulièrement apprécié la description de l'étonnement de Torrunn devant l'odeur dégagée par son père, avant qu'elle ne finisse par complètement occulter cet aspect devant le lien qui unit Tor et ses animaux.
Objectif PAL : -68

Commentaires
@ Pickwick, Marie et Vanou : je ne peux que vous le conseiller fortement !
@Ötli : je suis allée en Norvège étant petite, alors ça me rappelait des choses... et ça m'a donné envie de retourner dans les pays du Nord. D'où un weekend prolongé à Stockholm récemment !
@ Theoma : J'attendais aussi pour les 2 tomes suivants, mais ça devient dur de résister !