Canisse [Olivier Bleys]

L'auteur : Nous retrouvons Olivier Bleys, auteur français découvert avec Semper Augustus, dans un genre nouveau pour lui, avec son premier roman SF, Canisse.

L'histoire : D'un bout à l'autre de l'univers, les vaillants gardes-pêche de l'Unité livrent une guerre sans merci aux braconniers pilleurs d'océans. Xhan était l'un des meilleurs. Mais le voici mis d'office à la retraite, et sa vie perd tout son sens... Un jour, pourtant, un inconnu lui parle d'un poisson non répertorié, d'une taille dépassant toutes les créatures connues ou même imaginables, vivant sur une planète sauvage qui ne figure sur aucune carte : Canisse. Xhan ressent un appel mystérieux vers cet animal que personne - ou presque - n' a jamais approché. Il part aussitôt à sa recherche. Mais gare : les braconniers eux aussi sont en chasse...

Mon avis : Je suis content : voici une nouvelle de SF française qui tient la route. Canisse a toutes les caractéristiques du genre :
- récit court et concis,
- futur assez lointain pour éliminer un maximum de repères,
- l'humanité s'est extraite de la bonne vieille Terre pour coloniser les myriades de systèmes planétaires,
- un récit qui transpose les problèmes d'aujourd'hui dans un futur imaginaire, pour mieux les mettre en exergue et anticiper les risques potentiels,
- un personnage principal mélancolique, perdu dans cette immense humanité où l'individu n'a plus guère sa place,
- quelque chose d'extraordinaire et mystérieux qui lui arrive subitement et le destin qui va le pousser irrémédiablement et presque sciemment à dénouer les fils en allant explorer une planète lointaine. Il y découvrira une nature étrange, peuplée de créatures curieuses, de peuplades humanoïdes aux rites inconnus et le mystère se dénouera.
Le genre s'appelle "Planet Opera" mais pourquoi tout mettre dans des boites ! Et puis on est davantage dans le récit intime que dans l’Opera à mon goût : je lui préfère donc le terme plus simple de "nouvelle de SF".
La 4ème de couverture compare ce récit à du Jack Vance : ce n'est pas faux. On retrouve le voyageur qui rencontre des êtres bizarres et observe des faits qu'il ne comprend pas trop mais auxquels il participe malgré lui. Pour ma part, j'ai également pensé à une vieille lecture qui m'a beaucoup marqué : Le guérisseur de cathédrale de P.K.Dick (je préviens : c'est très triste). Il y a ce même côté crépusculaire, étrange, désabusé, impitoyable et jusque-boutiste qui fait les bons récits de SF.
Quelques défauts tout de même : j'aurais peut-être aimé un peu plus de densité imaginative dans les descriptions de ce futur, du monde de Canisse. Mais Olivier Bleys s'essayait au genre pour la première fois apparemment et je trouve qu'il s'en sort très bien malgré tout, avec un style tout à fait correct (j'ai tellement lu de SF d'un niveau littéraire pitoyable...). À surveiller donc, s'il récidive!
En plus, c'est un livre d'actualité : il évoque le problème des retraites dans le futur lointain (si si) et fait ressurgir quelques vieux démons de l'humanité. Je vous laisse découvrir par vous-mêmes. Par contre, n'y cherchez pas une jolie fable où ils eurent des enfants et vécurent heureux : je ne suis pas sûr que ce futur vous donnera beaucoup d'espoir mais il vous fera réfléchir, c'est sûr !
Et si vous voulez un récit façon "planet opera" en BD, je vous conseille Aldébaran/Bételgeuse de Leo.


Merci à BoB pour cette lecture, ainsi qu'aux éditions Folio.

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