Mon vieux et moi [Pierre Gagnon]

L'auteur : Pierre Gagnon est un auteur canadien, né à Arthabaska en mai 1957, qui a d'abord commencé par être musicien : études puis groupe et tournées. Il passe ensuite à la musique publicitaire. Une grave maladie marquera le début de sa carrière de romancier, avec 5-FU.

Mon vieux et moi est son 4e roman.

L'histoire : "Léo est devenu vieux. Les vieux oublient, s'étouffent, font répéter, voient trouble, tombent, n'en veulent plus, en veulent encore, ne dorment plus la nuit, dorment trop le jour, font des miettes, oublient de prendre leurs médicaments, nous engueulent tant qu'on serait tenté de les engueuler à notre tour, pètent sans le savoir, répondent quand on n'a rien demandé, demandent sans attendre de réponse, échappent puis répandent, ont mal, rient de moins en moins, gênent le passage, s'emmerdent, souhaitent mourir et n'y parviennent pas..."
À la retraite, le narrateur décide d'adopter Léo, 99 ans, que rien ne prédestinait à venir s'installer chez lui. C'est le début d'une grande aventure, faite de tout petits riens. De silences qui veulent dire beaucoup, de tendresse, de rires pour conjurer le déclin...
Mon vieux et moi, est-ce que ça peut durer toujours, comme dans les romans d'amour ?

Mon avis : C'est très court, mais terriblement tendre. On flirte parfois avec la poésie des instants de vie, vécus dans l'intimité. C'est à la fois léger et grave, l'émotion et l'humour permettant d'aborder le sujet grave du rapport à la vieillesse. Pour l'histoire, c'est celle un peu abracadabrante d'un fonctionnaire à la retraite qui décide d'adopter un petit vieux, Léo, qu'il croisait dans la maison de retraite où il venait rendre visite à sa tante. Des scènes drôles se succèdent (la visite des services sociaux pour donner des conseils d'adaptation de l'habitat, l'achat d'un animal de compagnie, la visite des amis) et tissent un lien de tendresse entre le narrateur et Léo. Puis tout bascule après une chute : Léo perd la tête, se lâche dans tous les sens du terme, et vivre avec lui devient difficile, voire dangereux. On garde pourtant toujours de l'humour et de la tendresse (les boîtes de pâté pour chat dispersées partout dans la maison). Le narrateur s'accroche, jusqu'à l'inévitable.
En 86 pages, l'auteur nous interroge, nous qui sommes en pleine possession de nos moyens, sur notre rapport à la vieillesse. Et effectivement, je n'ai pu m'empêcher de penser à ma grand-mère, à ses dernières années et à la relation que nous avions alors avec elle : le temps qui passe n'est plus le même, la difficulté de se parler, de se raconter, une émotion qui marque à jamais tout en ayant un peu l'impression d'être déjà derrière une barrière infranchissable.

Un petit livre terriblement émouvant.

Commentaires

Manu a dit…
Ce genre de livres me fait toujours un peu peur. Peur du jour où je vivrai ça avec mes parents.
Comme toi, j'ai été éméue par ce petit livre !
Mangolila a dit…
J'en lis beaucoup de bien en ce moment! J'espère le lire!
Marie a dit…
Beau billet ! J'avais déjà noté ce titre, il faut absolument que je le lise...
**Fleur** a dit…
J'ai très envie de le découvrir !!
Suzanne a dit…
Très beau billet.

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