Le fusil de chasse [Yasushi Inoué]

L'auteur : Yasushi Inoué, né en mai 1907 et mort en janvier 1991, est un écrivain japonais majeur.
En 1950, il a reçu avec Le Fusil de chasse le prix Akutagawa, récompense littéraire la plus prestigieuse du Japon.

L'histoire : Après avoir écrit et publié un poème sur un chasseur dans une revue spécialisée, le narrateur reçoit une lettre d’un homme qui lui en confie trois autres qui lui ont toutes été adressées personnellement par trois femmes différentes. A travers ces trois lettres, une de la fille de sa maîtresse, une autre de son épouse et la dernière de sa maîtresse elle-même, c’est un trio amoureux qui se dessine, un trio intemporel et douloureux d’un amour maudit.

Mon avis : À travers ce roman épistolaire composé de 4 lettres (si on compte celle du chasseur), Yasushi Inoué évoque des thèmes éternels de l’amour, de la trahison, de la mort et de la culpabilité. La narration est servie par une écriture simple et sensible, qui fait une grande place à la nature et aux éléments qui se font souvent l’écho des sentiments intérieurs des personnages. Le récit est à la fois calme car il ne se passe pas grand-chose : les actions décrites sont assez longues ; et pourtant, on sent que quelque chose bout à l’intérieur de chaque personnage qui a pris la plume. De l’incompréhension chez Shoko devant un amour interdit qui a détruit sa mère ; de la lassitude et de l’amertume chez Midori, femme trompée dès les débuts de son mariage ; une culpabilité qui ronge tout et arrive même à détruire la notion d’amour chez Saïko, la maîtresse. Après l’aigreur contenue mais perceptible de la femme trompée, la lettre de Saïko retranscrit au final peut d’amour pour cet homme. Le sentiment dominant est représenté par cette image d’un serpent intérieur qui se révèle sur le tard, mais à toujours existé, pervertissant tout. Car ce qui m’a choquée le plus, c’est qu’il n’est que peu question de félicité dans cette dernière lettre, celle d’une amante à son amant. Ces trois lettres me semblent un terrible fardeau pour cet homme qui voit détruire par trois femmes différentes une histoire d’amour certes interdite mais réelle, puisqu’elle a duré plus de dix ans. Au final, un goût amer demeure.
Et puis, la retenue dont font preuve tous ces écrivains, tout en étant terriblement caractéristique de la littérature japonaise, a été ici un barrage qui m’a empêchée d’entrer complètement dans cette histoire. Ceci dit, Shirobamba que je souhaite relire bientôt m’avait laissé un souvenir plus doux et plus tendre, alors je suis loin de tirer un trait sur cet auteur.

Ce roman correspond à la rubrique Sport et Loisir du challenge Petit Bac d'Enna !

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Je l'avais lu il y a très longtemps et je n'avais pas aimé. Maintenant que je suis un peu plus familiarisée avec la littérature japonaise, il faudra que je le relise.
Manu a dit…
Un roman épistolaire qui m'avait plu, sans être une révélation.
La chèvre grise a dit…
@ Alex et Manu : Oui, comme je le dis, Shirobamba que je relirai je pense bientôt m'avait bien plus marqué par la tendresse qui s'en dégageait. Pour tout avouer, celui-ci je l'ai relu parce que je ne m'en souvenais absolument pas !
Fleur a dit…
J'ai lu ce livre il y a plus d'un an et je m'en souviens à peine. Je n'avais pas vraiment apprécié il m semble.
La chèvre grise a dit…
@ Fleur : je ne m'en souvenais plus non plus, c'est pour ça que j'ai souhaité le relire et laisser une trace de cette lecture sur mon blog. Pour autant, je n'ai pas trouvé ça désagréable.

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