Ikigami [Motorô Mase]

L'auteur : Né en 1969, Motorô Mase est un mangaka japonais qui commence sa carrière en obtenant, en 1998, le prix Shôgakukan du meilleur jeune auteur pour sa première œuvre Area. Ikigami a déjà reçu une flopée de prix.

L'histoire : Dans notre pays, une loi entend assurer la prospérité de la nation en rappelant à tous la valeur de la vie. Pour ce faire, un jeune sur mille entre 18 et 24 ans est arbitrairement condamné à mort par une micro-capsule injectée lors  de son entrée à l'école.
Lorsque l'on reçoit l'Ikigami, c'est qu'il ne nous reste plus que 24 heures à vivre. Mais à quoi passer cette dernière journée, lorsqu'on n'a pas eu le temps de faire sa vie ?
Que feriez-vous de nos dernières 24 heures ?

Mon avis : Bien que correctement dessiné, les visuels ne sont pas l'intérêt de ce manga. Non, ici, l'important, c'est l'ambiance et les réflexions de Fujimoto, et avec lui une bonne partie de la population, fonctionnaire en charge de délivrer l'Ikigami, ce préavis de mort. Au nom de la "prospérité nationale", et pour réduire criminalité et suicide, les autorités ont donc décidé de tuer arbitrairement un jeune sur mille, âgé entre 18 et 24 ans. Tout est en place au moment de l'entrée des enfants à l'école primaire. Ceux-ci reçoivent un vaccin, lequel peut contenir la nano-capsule qui entrainera leur mort à leur prévue. Les condamnés pour le bien de la patrie sont prévenus 24 heures avant pour pouvoir jouir comme il leur plait de ce dernier jour sur terre. Si le récit laisse la place belle à chaque histoire de ces condamnés, le liant est fait par les réflexions de Fujimoto et son évolution.
Toutes les descriptions de la société laisse à penser qu'elle pourrait être la société d'aujourd'hui. Bien que la majeure partie de la population semble hostile à ce mode de fonctionnement, beaucoup pensent que cela ne peut pas les toucher. Et ces condamnés sont érigés au rang de héros de la nation, au même titre que les soldats morts au combat. Se révolter contre cette loi de prospérité nationale ou accepter ? Le choix n'est pas si simple car si quelqu'un est pris en train de remettre en cause le bien fondée de cette loi, il est automatiquement condamné : la nano-capsule lui est injectée. La population est donc complètement aliénée.
Fujimoto, tout jeune fonctionnaire assigné à la livraison des Ikigamis, passe de l'empathie pour les familles et les condamnés, à une sorte de détachement professionnel. Il n'hésite pas, par exemple, à faire un détour par le vidéo-club pour rendre une vidéo en retard sur son trajet pour délivrer le fameux préavis. Il lui faut croiser des cas particulièrement délicats pour être à nouveau conscient qu'il apporte la détresse à chacune de ses livraisons. Ses amis ne s'y trompent pas, qui le quittent tous petit à petit. Le lecteur, avec lui, se pose des questions sur cette loi, et attend la rébellion.
Merci à Loesha pour le prêt !

Commentaires

Manu a dit…
Un manga qui semble percutant.
Loesha a dit…
Ce que j'aime avec Ikigami, c'est que sur une trame bien posée (la société, le livreur...), on arrive a suivre des personnages et histoires tous différents les uns de autre... ce qui fait que potentiellement, ce manga pourrait durer des années ! Je ne souhaite pas qu'il nous ponde 30 tomes, mais j'espère que ce mangaka va trouver assez de ressources pour rendre chaque volume aussi intéressant que le précédent ;)
La chèvre grise a dit…
@ Manu : oui. Je viens ce weekend de lire les tomes 4, 5 et 6. Le personnage de Fujimoto est de plus en plus creusé.

@ Loesha : pour l'instant, je ne me lasse pas !

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