Le dernier testament de Ben Zion Avrohom [James Frey]



L'auteur : Né en septembre 1969, James Frey est un écrivain américain.

L'histoire : Ils disent que le Messie est toujours vivant.
Qu'il vit à New York en plein XXIe siècle.
Qu'il a des liaisons avec des hommes, engrosse les filles, soigne les malades et euthanasie les mourants...
Ils disent qu'il défie le gouvernement et bafoue le sacré.
Et vous, que feriez-vous si vous le rencontriez et qu'il changeait votre vie ? Le prendriez-vous au sérieux ?
Une chose est sûre : que vous soyez bouleversés ou enragés, vous serez fascinés par ce chef d’œuvre de James Frey, aussi révolutionnaire et irrévérent que profondément sensible.

Mon avis : Ce qui frappe de prime abord, c'est la sobriété de la couverture. Puis, on découvre la tranche du livre, intégralement recouverte de gouttes de sang. Enfin, quand je l'ai ouvert, j'ai tout de suite noté que le texte n'était bizarrement justifié que sur la gauche et qu'il n'y avait aucune marque du dialogue. Il s'agit en fait du récit de la vie de Ben Zion Avrohom, Messie du XXIe siècle, raconté par différentes personnes qui l'ont croisé : voisins, famille, rabbin, médecin... De la fille un peu paumée au médecin, tout le monde voit sa vie complètement chamboulée par sa rencontre avec Ben.
Pourtant, le premier personnage nous le présente simplement comme un gars de banlieue, dans une zone un peu mal-famée, qui se drogue, vit au jour le jour grâce à un boulot de vigile sur un chantier. Jusqu'au jour où un grave accident, inexplicable, l'envoie à l'hopital où il va se remettre miraculeusement des blessures qui auraient dû le tuer. Il semble alors développer des pouvoirs de compréhension et d'appréhension de connaissances qui dépassent le commun des mortels. Dieu lui parle. Et son message est fait uniquement d'amour : il faut s'aimer, tous, quelque soit les considérations de sexe, d'âge, de religion, de couleur.
Tous les témoins quasiment (exception faite du médecin et du chef de chantier peut être) sont des personnes perdues, à la recherche d'une rédemption, d'un signe, d'une main tendue. Du coup, ces "témoignages" semblent vite orientés. Les personnages sont glauques, paumés, dépravés parfois, extrêmes. On observe à travers leurs yeux, dans leur langage propre, une société à la dérive, où tout est bon pour faire de l'argent. Celui-ci a pris le pas sur tout sentiment humain. Nous sommes proches de la Fin. Ben Zion est le seul à ne pas prendre la parole. Il n'a pas de Parole. Il est, il éprouve, il ressent mais surtout il fait ressentir aux autres, à ceux qu'il croise.
Ce qui choque le plus au final, c'est qu'à travers cette critique de la société, à travers ce refus de toutes les religions, pour se recentrer sur la notion d'Amour, on se rapproche étrangement du message principal de toutes religions justement : s'aimer les uns les autres avant tout ! Dans un monde où les textes sacrés semblent complètement coupés des réalités de la vie moderne, ce texte fait réfléchir aux comportements des individus qui suivent aveuglément des directives qui leurs sont données, sans réfléchir à ce qu'ils veulent et à ce qui est bien. Ce message est vraiment bien traité et intéressant.
Par contre, on pourra reprocher à l'auteur d'avoir parfois voulu en faire trop : certaines scènes virant à la provocation inutile où à la partouze collective ne sont peut être pas nécessaires. Et puis, cette vision des choses est peut être un peu simpliste par moment. Même si, je pense que le propos est surtout de recentrer sur l'essentiel, en mettant volontairement de côté tout ce qui est accessoire.
Quant au style, j'ai plutôt apprécié cette approche par témoignages successifs, certains personnages revenant 2 ou 3 fois. Quelques longueurs sur la fin, ainsi qu'un final que je craignais plus sanglant (couverture + fin du Messie original obligent) et qui n'est qu'une pirouette un peu déroutante.

En bref, un roman sûrement dérangeant pour certains. Mais que j'ai trouvé plutôt osé et intéressant, et qui porte à réflexion !

Une petite citation pour finir : "Comme le Christ, Ben aimait de manière inconditionnelle et sans jugement ; il aimait les hommes et les femmes également, et ne faisait pas de distinction entre l'amour pour les femmes et l'amour pour les hommes ; il faisait sentir son amour à tous ceux qu'il rencontrait, et d'une manière qui n'avait rien à voir avec ce qu'ils avaient jamais ressenti ; et il comprenait que la religion ainsi qu'elle était pratiquée avait peu de rapport avec l'amour. L'amour est quelque chose que nous devons ressentir dans nos cœurs, et dans nos corps, et quelque chose que nous devons exprimer sans crainte d'être jugés ou damnés. L'amour est quelque chose qui est au-delà des règles et des dogmes. L'amour est au-delà du bien et du mal, de ce qui est permis et de ce qui est interdit. Et l'amour est au-delà de ceux qui n'en ont qu'une connaissance infime et n'en ont aucune expérience et qui décident de la manière dont il doit être éprouvé ou de qui a le droit de l'éprouver ou de l'exprimer."

Merci à Babelio et aux éditions Flammarion pour ce roman. J'en profite pour indiquer qu'il y a quelques coquilles (redondance d'un mot, oubli d'un autre...) vraiment gênantes.

Commentaires

Kllouche a dit…
Totalement d'accord avec toi!

un peu trop simplificateur par moment, des passages provocateurs inutiles mais une réflexion de fond pas trop mal engagée...

Et les fautes m'ont vraiment dérangées!! =(
La chèvre grise a dit…
Oui, ça commence à être vraiment de plus en plus fréquent je trouve, ces coquilles dans les livres. Alors soit je deviens vraiment douée à toutes les voir, soit il y en a de plus en plus. Les éditeurs feraient-ils des économies sur le dos des relecteurs ?
Anonyme a dit…
Il est dans ma PAL celui-là et je devrais le lire sous peu, je sens qu'il va me plaire !
Manu a dit…
Ah je me demandais ce qu'il racontait celui-ci.
Dommage pour les coquilles, c'est vraiment ennuyeux !
La chèvre grise a dit…
@ Ys : alors j'attends ton avis !

@ Manu : oui, et j'ai l'impression que c'est de plus en plus souvent !
Alex Mot-à-Mots a dit…
Une présentation atypique, ça change. J'aime bien, quand cela ne devient pas trop illisible.
La chèvre grise a dit…
@ Alex : ce n'est pas le cas ici. J'ai eu peur en l'ouvrant, mais non, ça reste tout à fait accessible. Et surtout intéressant.

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