Exposition : La Sainte Anne, l’ultime chef d’œuvre de Léonard de Vinci

Depuis juin 2010, le tableau de Léonard de Vinci La Vierge à l’enfant avec sainte Anne était en restauration. Celle-ci a été le prétexte à une véritable enquête sur la genèse de cette œuvre sur laquelle de Vinci travaillât plus de 20 ans, de 1501 à 1519.

©2012 RMN, La Vierge à l’enfant avec sainte Anne (après restauration)
 De vraies explications claires sont proposées à chaque entrée de salle. Pour comprendre l’importance de cette œuvre, le visiteur est dès le début replacé dans le contexte historique. On nous explique l’importance de la figure de sainte Anne, protectrice de Florence où Léonard de Vinci revient en 1500 lorsqu’il entame sa réflexion sur ce tableau. Mais sainte Anne est également à la mode dans toute l’Europe.

Puis viennent toutes les pistes explorées par le peintre, toutes ses réflexions, avant d’arriver au tableau connu. Les croquis, les études de paysage ou de partie du corps, les esquisses, les cartons. On suit pas à pas le travail de création et de modifications successives : la position des corps, le saint Jean Baptiste remplacé par un agneau, le comportement de la Vierge face au destin de son fils…

Enfin, nous arrivons devant le tableau proprement dit. Il faut reconnaître qu’il est beau. Et le visiteur le lit d’autant mieux qu’il a suivi toutes les réflexions du peintre : on voit la diagonale, on voit l’expression de la Vierge qui retient son fils mais est aussi dans l’acceptation, la position vigilante de sainte Anne, le visage souriant de Jésus… et la richesse des détails comme le pelage tout bouclé du mouton. Juste à côté est positionné le carton de la toute première version Sainte Anne, la Vierge et l’enfant Jésus bénissant saint Jean Baptiste, avant que le saint soit justement remplacé par un agneau, symbole du sacrifice. Il a été prêté par la National Gallery de Londres et le visiteur peut aller de l’un à l’autre et comparer.

Une salle propose ensuite une vidéo rapide pour bien fixer l’importance de l’œuvre, sa richesse. Ce que j’ai apprécié dans ce film, c’est que, contrairement au reste de l’exposition qui part du principe que l’œuvre est inachevée, on nous explique qu’en fait, on ne sait pas si elle est achevée ou non. Certes, certains détails sont moins précis que d’autres. Mais cela pouvait être la naissance du style in finito. Quelle était la volonté du peintre ? On ne sait pas.

Puis suivent les explications sur le travail délicat de la restauration. Et enfin, une salle sur l’influence qu’a eu cette peinture sur les autres œuvres artistiques des successeurs de Léonard de Vinci ou de peintres plus récents. Notons que la petite sœur de la Joconde, récemment découverte au Prado à Madrid, est également présentée, dans l’idée de mettre en évidence l’aboutissement des recherches du peintre sur la nature et l’art. Mais sur ce point, j’avoue être moins convaincue, ne comprenant pas trop sur quels critères il est jugé que La Vierge à l’enfant avec sainte Anne est plus son chef d’œuvre que La Joconde.

En bref, une exposition pour une fois vraiment bien pensée et intéressante, même pour ceux qui ne connaissent pas forcément beaucoup le contexte ou le peintre. Elle reste accessible aux néophytes, et ce, sans audioguide.

Informations utiles

Du 29 mars au 25 juin 2012 
tous les jours de 10h à 18h et nocturne les lundis et samedis jusqu’à 21h30 

Musée du Louvre, Hall Napoléon
Tel : 01 40 20 53 17 

Tarifs : de 11 à 14€ Site du musée du Louvre : ici

Commentaires

gruikman a dit…
Je confirme que cette expo était intéressante. C'est étonnant de voir combien de fois ce tableau a été recopié ou imité et en particulier la posture du petit Jesus aux cheveux extrêmement bouclés et blonds qui fait une prise de catch à un pauvre agneau qui n'avait rien demandé ;)
Loesha a dit…
Il faudrait que j'aille faire un tour au Louvres tiens... ;)

Pour ce tableau, je pense qu'elle doit être mieux considéré par les spécialistes que la Joconde par sa composition et par la décontraction et la liberté avec laquelle De Vinci représente ces personnages sacré... Le catch sur mouton en est une preuve :p
Si on regarde d'autres Vierge à l'enfant de l'époque, on s'aperçoit que le Christ est majoritairement représenté très sage et statique, parfois même avec un visage adulte... Bref, un p'tit vieux miniature ^^
Ça et la complicité entre la mère et l'enfant tranche avec la vision très rigide du couple vue par les autres artistes de l'époque.
Bref, une vision très humaine de personnages divins...

Enfin voilà, ce sont mes 5 centimes sur le sujet :D
Loo a dit…
C'est un bel article que tu as fait là. J'aime beaucoup le personnage de Léonard de Vinci. Je vais donc aller de ce pas voir cette expo qui m'avait échappée. Merci.
La chèvre grise a dit…
@ Loo : je te la conseille effectivement. Pour une fois qu'une exposition est bien pensée et intéressante, il faut le souligner.
Alicia a dit…
J'ai hâte d'aller voir cette expo depuis le temps que je croise l'affiche un peu partout :p
Ca sera chose faite dans les prochaines semaines :)

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