Alex [Pierre Lemaître]

L’auteur : Pierre Lemaître, romancier et scénariste français né en mars 1956, n’est pas un inconnu sur ce blog. Rappelez-vous, je vous avais dit beaucoup de bien de Robe de marié.

L’histoire : Qui connait vraiment Alex ? Elle est belle. Excitante.
Est-ce pour cela qu'on l’a enlevée, séquestrée, livrée à l’inimaginable ? Mais quand la police découvre enfin sa prison, Alex a disparu.
Alex, plus intelligente que son bourreau. Alex qui ne pardonne rien, qui n’oublie rien, ni personne.

Mon avis : Après avoir été dupée dans Robe de marié, je savais à quoi m’attendre. Du coup, j’ai été attentive aux signes et j’ai moins été attrapée cette fois-ci. Je donne peut être l’impression de bouder mon plaisir, mais cela reste un excellent roman psychologique qui est à conseiller. Dans un style très parlé et qui se limite aux faits et gestes, sans fioritures, mettant à distance tout sentiment, le lecteur se fait manipuler car il va se fier à ses habitudes de lecture de romans policiers.
Dans la première partie du roman, nous suivons Alex, une jeune fille, dans la trentaine, dont nous ne saurons au final que peu de choses : elle est très belle, infirmière en intérim, et bizarrement, elle aime les perruques. Elle va se faire enlevée et séquestrée dans une fillette, sorte de cage où l’on ne peut se tenir ni assis ni debout, au milieu d’un hangar désaffecté. Alex est forte, elle combat pour survivre à tout prix. Difficile de ressentir de l’empathie pour elle tant son regard sur ce qui lui arrive est étrange, distant, concentré sur la façon dont elle pourra sortir de cet enfer. Elle s’émeut difficilement.
Le commissaire Verhoeven est chargé de l’enquête, qui résonne douloureusement en lui : sa femme a été enlevée avant de mourir quelques années auparavant. Il mettra pourtant tout en œuvre pour retrouver et comprendre Alex. Car celle-ci aura réussi à s’échapper quand la police arrivera enfin sur les lieux. Elle ne laisse aucune explication au commissaire : pourquoi son kidnappeur a préféré la mort plutôt que d’aider à ce qu’on la retrouve ? Qui est donc Alex ? La deuxième partie lève le voile sur une part sombre de sa vie. L’empathie si absente de la première partie du roman l’était à juste titre. Cette femme n’est pas n’importe quelle femme. Et son kidnappeur avait des raisons de s’en prendre à elle.
Pourtant, en creusant toujours davantage, le commissaire Verhoeven va mettre à jour les plus sombres aspects de la nature humaine. Sans hésiter à écœurer son lecteur, et pourtant il m’en faut beaucoup d’habitude, Pierre Lemaître nous fait danser sur des charbons ardents, balade son lecteur en l’empêchant de trouver les repères habituels : qui est la victime ? qui est le bourreau ? Plusieurs hommes ont été assassinés à l’acide sulfurique au cours de l’année précédente. Il ne semble pas y avoir de point commun entre eux, si ce n’est une jeune femme très séduisante dans leur entourage. Tout se termine en apothéose dans la troisième partie, par une manipulation de main de maître qui m’a laissée baba.
Je ne peux que vous conseiller cette lecture donc. Pour une fois qu’un auteur français fait aussi bien qu’un américain dans ce genre là, tout en conservant ses spécificités et sans copier le style gore ou les constructions typiquement américaines à la Mary Higgins Clark, il faut en profiter !

Commentaires

Anonyme a dit…
J'ai préféré ce roman à "Robe de marié", je trouve les personnages plus crédibles.
La chèvre grise a dit…
@ Ys : oui, j'avais lu tes avis. De mon côté, j'ai trouvé que toute la première partie de Robe de marié était terriblement crédible justement, cette femme qui perd peu à peu la tête et les choses... Et du coup, je m'étais beaucoup plus identifiée au personnage qu'ici. C'est vrai que c'est plus discutable pour le reste du roman. Là, j'ai beaucoup aimé le brouillage des repères du roman policier.

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