The place beyond the pines, de Derek Cianfrance

Film américain de Derek Cianfrance, sorti le 20 mars 2013, avec Ryan Gosling, Eva Mendes et Bradley Cooper.

L'histoire : Cascadeur à moto, Luke est réputé pour son spectaculaire numéro du «globe de la mort». Quand son spectacle itinérant revient à Schenectady, dans l’État de New York, il découvre que Romina, avec qui il avait eu une aventure, vient de donner naissance à son fils… Pour subvenir aux besoins de ceux qui sont désormais sa famille, Luke quitte le spectacle et commet une série de braquages. Chaque fois, ses talents de pilote hors pair lui permettent de s’échapper. Mais Luke va bientôt croiser la route d’un policier ambitieux, Avery Cross, décidé à s’élever rapidement dans sa hiérarchie gangrenée par la corruption. Quinze ans plus tard, le fils de Luke et celui d’Avery se retrouvent face à face, hantés par un passé mystérieux dont ils sont loin de tout savoir…

Mon avis : Ryan Gossling la jouant violent, pas très causant, et filant à toute vitesse sur les routes, ça vous rappelle quelque chose ? Forcément, Drive (tiens, je ne pensais pas ce film si vieux, comme quoi il a bien marqué les esprits, et en relisant mon billet, je me trouve très sévère, j'avais beaucoup aimé l'ambiance). D'autant que le spectateur va retrouver ici ce même jeu de regard, ces non-dits, ces hasards qui font que les personnages se retrouvent acculés. Mais la question qui se pose ici est celle de la paternité. Assez insouciant, Luke se découvre une envie d'être un vrai père lorsqu'il découvre qu'une courte aventure a eu des conséquences un an plus tôt. S'il ne sait pas si prendre, qu'importe, l'intention est là. Et quand il comprend qu'il a fait fausse route, il impose le secret à la mère, pour l'avenir de l'enfant.
Puis s'ouvre le deuxième chapitre : le policier responsable de la mort de Luke est lui aussi un jeune père. Son rapport à la famille est assez bizarre : pas très tendre et démonstratif avec femme et enfant, mais fortement impliqué dans la famille de la police. Il veut y faire carrière, s'investir. Et lorsqu'il découvre que ce monde qu'il idolâtre est corrompu, il laisse libre court à son ambition.
Commence alors le troisième volet, quinze ans plus tard, lorsque les deux rejetons sont amenés à se croiser. Le premier, A.J, sacrifié sur l'autel de l'ambition de son père, part à la dérive, cherchant dans la drogue l'attention qu'on ne lui accorde pas. Jason est lui assez taiseux : son père mort quand il n'était qu'un bébé lui manque terriblement pour se construire. Sous nos yeux, il apparaît vite que c'est plus lui pourtant qui est le vrai fils d'Avery, de policier devenu procureur. Car Avery ne parle pas à son fils, le laisse à la dérive. Et n'intervient que pour le menacer des pires tourments s'il ne laisse pas Jason tranquille. Autant mettre un cible rouge directement sur le dos du fils de sa victime ! Les enfants portent en eux la malédiction de leurs pères, leur chemin se croise comme celui de leurs aînés avant eux. Le cercle infernal de la répétition obligera l'un des deux à fuir pour survivre et tracer sa propre destinée.
Le problème pour moi, c'est qu'il y a des longueurs et que l'histoire est prévisible. Des longueurs car le film prend son temps. Si c'est compréhensible sur le premier volet, même si le parcours de Luke Glanton est assez caricatural et facile, cela l'est moins sur le deuxième. Dans ce registre, la scène du diner est totalement surjouée et à la limite du comique. J'ai passé mon temps à dire in petto à Avery d'aller s'adresser à son père, ancien juge à le retraite, et qui aurait pu le sortir du mauvais pas dans lequel il s'était fourré. D'ailleurs, dès que cette partie débute, on voit tout de suite le parallèle entre les deux pères qui se dessinent et on se doute de la suite. Je me suis du coup, un peu ennuyée. Et puis, j'ai à nouveau un coup de gueule sur le casting du jeune Emory Cohen, alias A.J, qui joue un jeune de 17 ans alors qu'il en a 23 dans la réalité. Dane DeHaa (pourtant âgé de 26 ans lui), par son physique "planche à pain", est beaucoup plus crédible qu'Emory Cohen trop développé musculairement. Enfin, il faut arrêter de prendre le spectateur pour un idiot : lui proposer un magnifique paysage ne suffit pas à faire passer la pilule.
Vous l'aurez compris, je suis ressortie déçue et dépitée d'avoir perdu mon temps sur ce film qui ne m'aurait absolument pas manqué.

Petit nota benne sur la signification du titre, car je ne le comprenais pas : l'histoire se déroule à Schenectady, qui en iroquois veut dire, « l'endroit qui se trouve au-delà des pins » (Télérama).

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