Charly 9 [Jean Teulé]

L'auteur : Après Je, François Villon, j'ai fait une petite pause dans mes lectures de cet auteur. Je le retrouve aujourd'hui avec Charly 9.

L'histoire : Charles IX fut de tous nos rois de France l un des plus calamiteux.
A 22 ans, pour faire plaisir à sa mère, il ordonna le massacre de la Saint Barthélemy qui épouvanta l Europe entière. Abasourdi par l énormité de son crime, il sombra dans la folie. Courant le lapin et le cerf dans les salles du Louvre, fabriquant de la fausse monnaie pour remplir les caisses désespérément vides du royaume, il accumula les initiatives désastreuses.
Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous. Pourtant, il avait un bon fond.

Mon avis : Autant le dire tout de suite, mon avis est mitigé. J'apprécie toujours autant la plume si particulière de Teulé, son ton irrévérencieux, parfois vulgaire. Mais certaines phrases m'ont gênées car je ne les comprenais pas, notamment lorsqu'elles incluaient des gros mots de l'époque. Et le fait de passer très rapidement d'une situation à une autre n'aide pas à s'installer dans l'histoire. Car forcément, vu la peinture au vitriol qui est faite de ces personnages de cour, il n'est pas question de s'attacher à eux. En bref, il ne manque qu'un petit quelque chose pour que j'adhère complètement. Car le reste m'a plu.
Car c'est une lecture instructive comme je les aime. Jaime qu'on me présente des personnages qui ont existé et des faits réels, des grands moments de l'Histoire. Cela me cultive de façon amusante et je n'hésite pas, après ma lecture, à faire un tour sur internet ou à me plonger dans mon Histoire de France pour les nuls pour prolonger l'ambiance et confronter fiction et réalité. Car oui, l'auteur prend peut être certaines libertés historiques. A lire donc avec un certain recul. Nous croisons les petites histoires ou de grands personnages : la nouvelle année fixée au 1er janvier ; le poisson d'avril ; la fête du muguet et la toxicité de la plante ; Ambroise Paré ; la quête de la pierre philosophale.
Quand on lit du Teulé, on sait qu'il s'intéresse à la folie humaine. C'est ici le cas : nous allons plongé avec Charles IX dans les affres du remord, qui le ronge littéralement de l'intérieur pour avoir autorisé le massacre de tant de protestants. Cela va le mener à la déchéance. Le premier chapitre en est le précurseur : de deux à plusieurs milliers de meurtres, il n'y a qu'un pas. Suite à sa décision si lourde de conséquences, Charles IX va avoir des hallucinations puis un comportement aberrant : il fait l'autruche dans les viscères de cerf, donne la chasse à cheval dans les couloirs du Louvre... Louvre qui bruisse de complots et de rumeurs, rendant fou n'importe qui : le futur Henri III en tient lui aussi une sacrée couche ; la toute nouvelle reine de Navarre se balade avec un bocal dans lequel se trouve la tête de son amant décapité ; la reine mère Catherine de Médicis, exerçant la régence, qui n'aime que son fils duc d'Anjou. On découvre pourtant un roi aimant les lettres et la chasse, les femmes aussi, son épouse venue d'Autriche et sa maîtresse protestante qu'il a sauvé du massacre.
Un avis en demie-teinte donc, avec beaucoup de qualités et auquel il ne manque pas grand chose pour me plaire totalement. Je me rends compte que c'est assez fréquent dans mes lectures de Teulé.

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Je me suis un peu lassé de cet auteur et ses aventures cannibalesques.
Fleur a dit…
J'avais apprécié l'originalité de son style. En revanche, j'avais été assez gênée par le côté historique : tout est-il vrai ? Une partie seulement ? Laquelle ?
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-Mots : c'est vrai que c'est toujours très gore, les Teulé. De mon côté, je ne suis pas tentée par ses romans comme son dernier ou "Mangez le si vous voulez" : un petit tour sur WIkipedia et on connait tout de cette histoire. Je préfère lorsqu'il s'attaque à des personnages historiques et représentatifs de la France, qu'il nous offre sa vision à lui. Mais toujours à petites doses, Teulé :-)

@ Fleur : oui, j'ai entendu beaucoup parlé de la polémique. De mon côté, cela ne m'a pas dérangé 1) parce que je sais que c'est avant tout un romancier et donc je ne prends pas ce qu'il dit pour argent comptant (je me doute par exemple que les propos et le termes utilisés ne sont pas d'époque) 2) parce que je ne connais pas assez cette période historiquement pour déceler les erreurs.
Yspaddaden a dit…
Moi, c'est "Le Montespan" qui ne m'a pas complètement emballée, notamment à cause de la vulgarité. Mais celui-là, je ne l'ai pas lu.
Loesha a dit…
Avis mitigé pour moi aussi... Je ne déteste pas ce livre comme ça avait été le cas avec "Mangez-le si vous voulez", mais je n'aime pas, tout simplement.
Le vocabulaire utilisé me gène aussi, trop simple parfois, trop alambiqué d'autres fois. Un gros bof en somme !

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