Le petit livre bleu [Antoine Buéno]

L'auteur : Né en 1982 à Boulogne-Billancourt, Antoine Buéno est un auteur français et chroniqueur à la radio et à la télévision.

L'histoire : Les schtroumpfs, tout le monde connaît. Un chef omniscient, le Grand Schtroumpf, seul à être vêtu de rouge. Une Schtroumpfette unique, blonde et cantonnée aux tâches ménagères. Un ennemi juré, Gargamel, doté d'un chat nommé Azraël alors que son faciès rappelle une caricature antisémite... Utopie totalitaire ou société égalitariste ? L'auteur nous propose une analyse aussi instructive qu'amusante, de ces petits êtres bleus.

Mon avis : C'est Canel qui m'a rappelé que j'avais ce petit livre dans ma PAL. Et comme je venais de terminer une lecture très prenante, je cherchais quelque chose de totalement différent pour faire la transition. Alors je l'ai sorti de mes étagères.
Comme le laisse voir l'auteur dans les dernières pages de son livre, celui-ci a provoqué des réactions assez extrêmes. Quoi, les schtroumpfs seraient des figures du nazisme ou du stalinisme ? Loin de porter ce propos volontaire à l'oeuvre de Peyo, Antoine Buéno montre qu'ici il est possible d'y lire des traits caractéristiques de ces idéologies. Un exemple qui est le plus marquant pour moi, car même étant petite j'avais tiqué : la schtroumpfette est diabolisée lorsqu'elle est brune et acceptée dans la communauté lorsqu'elle est blonde. Oui, je suis brune, c'est peut être pour ça ! Apologie des traits aryens ? Cela sera discuté dans cet essai.
Du reste, on pourra argumenter le parti pris de l'auteur. Mais l'exercice se tient. Il ne tient qu'au lecteur de savoir le prendre au second degré car après tout on peut faire dire tout et son contraire, l'auteur n'étant plus là pour exprimer lui-même les choix de représentation qu'il a fait : pourquoi sont-ils bleus ? pourquoi sont-ils petits ? pourquoi sont-ils cent et pas un de plus ? pourquoi n'y a-t-il qu'une seule femelle ? Tout le long de la lecture, il ne faudra pas oublier qu'il s'agit avant tout d'une œuvre destinée à des enfants et qu'à l'époque, l'imagerie et les codes de lecture qui leur sont proposés sont forcément simplistes.
L'auteur s'amuse à définir la nature même du schtroumpf dans une première partie. De sa taille à sa nature biologique, en passant par sa sexualité et son habitat, tout y passe. Nous croiserons bien sûr Gargamel et son affreux chat, la salsepareille, et parfois Johan et Pirlouit. Puis, dans une deuxième partie, il va nous démontrer comment cette communauté de petits êtres bleus s'inscrit dans une conception dictatoriale.
L'auteur n'exposera ici que les arguments qui iront bien dans le sens de sa thèse. Certaines fois, cela semble évident (comme je l'ai déjà fait remarqué pour l'esthétique de la schtroumpfette), d'autres sont pourquoi pas acceptables, d'autres enfin sont vraiment tirés par les cheveux, comme l'histoire du schtroumpf qui serait une version européenne de la souris Mickey, qui pourrait s'entendre comme une caricature visant à décrédibiliser le capitalisme américain. Là, j'avoue, je n'ai pas du tout été convaincue. Le Grand Schtroumpf serait Staline, le Schtroumpf à lunettes serait lui rapproché de Trotsky. Ça c'est pour le côté communiste. Côté nazi, on retrouve la caractéristique raciste avec le tout premier tome et les schtroumpfs noirs, forcément mauvais. Et puis, forcément, le parallèle entre le language schtroumpf et le novlang du monde d'Orwell, la comparaison est facile.
Si certaines fois on peut se demander ce qu'a fumé l'auteur, il n'en reste pas moins un exercice intéressant et qui nous ouvre les yeux sur la façon d'interpréter des univers. A prendre avec humour, que l'auteur n'hésite pas à annoncer clairement d'ailleurs. Et puis il n'est jamais mauvais de se voir rappeler que l'esprit critique peut s'exercer sur n'importe quel sujet.

source

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Et pourquoi ont-ils un tel nom imprononçable ?
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-Mots : cela aussi est expliqué dans le livre. Ainsi que les déclinaisons dans différents pays :-)
Nane a dit…
Dans ma PAL également!
canel a dit…
Buéno aurait fumé de la salsepareille, tu crois !? ;-)
Oui, voilà, il ne faut pas le prendre au 1e degré, mais voir ça comme une grille d'analyse poussée à l'extrême (sans se prendre au sérieux).
Tollé reçu à sa sortie = démesuré, non !?
La chèvre grise a dit…
@ Canel : Oui, il semble que le fumage de salsepareille soit nocif :-) Et oui, comme il le montre très bien lui-même à la fin de son ouvrage, c'est dingue ce que les gens peuvent s'emporter pour de pauvres petits lutins tout bleus. Tintin, ça a déjà été fait, mais il reste Bécassine, Spirou ou le Marsupilami.
Loesha a dit…
Il faut absolument que je lise ce bouquin pour justifier ma schtroumphophobie ;)

Posts les plus consultés de ce blog

La cité Abraxas

MAM Paris #10 : Le peignoir jaune de Tal-Coat

Musée du Quai Branly #4 : Amériques