Exposition : La mécanique des dessous


Une amie m'avait parlé en bien de cette exposition, dont je n'avais pas entendu parler. C'est avec une autre amie que je suis donc allée la découvrir. Et je vous la conseille fortement, avant qu'elle ne s'arrête, bientôt.

Commençons par le point négatif : le peu d'éclairage qui rend difficile la lecture des légendes de chaque pièce. Mais, forcément, ces pièces sont fragiles, alors le visiteur fera preuve de compréhension. Les photos sont donc interdites et celles présentées ici sont donc tirées du site internet du Musée des Arts décoratifs.

L'exposition montre les dessous qui sont autant d'artifices utilisés autant par les hommes que par les femmes pour modifier leur apparence et leur corps, et ce depuis le XIVe siècle. La taille, les seins, le fessier, les mollets (dont on apprendra que le galbe traduisait la virilité d'un homme), le torse ou encore le sexe masculin.

Ceinture pour homme, 1er tiers du XXe siècle,
Paris, Les Arts Décoratifs, collection UFAC
© Patricia Canino
Bas rembourré ou faux-mollet, France, 1850-1890
Paris, Les Arts Décoratifs, collection Union française des arts du costume, achat, 1949
© Paris, Les Arts Décoratifs, photo Jean Tholance

Les toutes premières pièces présentées sont terriblement marquantes : des corps de baleines en métal, à la limite de l'armure, forçant le corps à avoir une taille terriblement mince. Le jeu des reflets permet parfois de comparer la finesse de la taille des mannequins et sa propre silhouette et noter ainsi l'évolution des mœurs.

Corset en métal
source


Les fraises, sensées mettre en valeur le teint de son porteur, tiennent en place grâce à l'empesage. Lorsque celui-ci ne suffit pas, une structure métallique assure le support. Les vêtements s'adaptent en fonction des sous-vêtements : la mode anglaise et française évolue, les robes bouffent tantôt tout autour, tantôt sur l'arrière, tantôt sur les côtés.

Robe de cour, vers 1760
Lyon, musée des Tissus, achat, 1913
© Lyon, musée des Tissus, photo Pierre Verrier
Tournure cage, modèle « papillon », vers 1872
Paris, collection Falbalas
© Patricia Canino
Ce qui est choquant pour une personne moderne, c'est surtout l'utilisation de ces artifices sur les nourrissons et les enfants. Aujourd'hui, pour les adultes, rien n'a changé. Car après tout, pour les adultes, si les moyens ont changé, le but est toujours le même. Sauf qu'aujourd'hui on utilise des soutiens-gorge push-up, des gaines en tout genre et le sport à haute dose ou encore des diètes drastiques. Mais les enfants, cela relève limite de la torture pour une conscience actuelle et européenne (il me semble que certains pays non-occidentaux emmaillotaient encore tout récemment les nourrissons de façon très serrée ; où commence la torture et où s'arrête la tradition).

Panier à coudes articulé, vers 1770, et corps à baleines, vers 1740-1760
Paris, Les Arts Décoratifs, collection Mode et Textile et dépôt du musée de Cluny
© Patricia Canino
En parcourant les allées, on se pose forcément des questions sur le diktat actuel de la mode, sur notre propre perception de notre corps et de celui des autres. Et on comprend mieux la littérature qui nous comptait nombre d'évanouissements. La femme en se libérant du corset a pu remiser son flacon de sels aux oubliettes.

Une exposition vraiment très intéressante que je conseille.


Informations utiles :

Du 05 juillet 2013 au 24 novembre 2013
Du mardi au dimanche de 11h à 18h, le jeudi nocturne jusqu’à 21h

Musée des Arts décoratifs
107 rue de Rivoli
75001 Paris
tel : 01 44 55 57 50

Tarif normal : 9.50€
Tarif réduit : 8 €

Site du musée des Arts décoratifs : ici

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Même les hommes avaient des ceintures ?
Fleur a dit…
Cette expo a l'air très intéressante et moi non plus, je n'en avais pas entendu parler. J'essaierai d'y aller samedi!
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-Mots : des ceintures, oui, mais pas forcément les mêmes que celles des femmes. En attendant, eux aussi avaient recours à des artifices.

@ Fleur : je te la conseille, et j'attends ton retour !
Loesha a dit…
Effectivement, c'est une expo très intéressante.
Je pensais me retrouver devant une expo branchée mode, sans plus. Finalement il y a bien matière à réflexion sur l'évolution de notre société et la tyrannie de l'image, comme tu le disais si bien.
Je vois que toi aussi tu retiens l'anecdote du tour de mollet comme symbole de virilité ! J'ai bien rit à la maison en expliquant ça à mon copain :)

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