La lettre à Helga [Bergsveinn Birgisson]

L'auteur : Auteur islandais né en 1971, Bergsveinn Birgisson est titulaire d'un doctorat en littérature médiévale scandinave.

L'histoire : « Mon neveu Marteinn est venu me chercher à la maison de retraite. Je vais passer le plus clair de l’été dans une chambre avec vue plongeante sur la ferme que vous habitiez jadis, Hallgrímur et toi. » Ainsi commence la réponse – combien tardive – de Bjarni Gíslason de Kolkustadir à sa chère Helga, la seule femme qu’il aima, aussi brièvement qu’ardemment, d’un amour impossible. Et c’est tout un monde qui se ravive : entre son élevage de moutons, les pêches solitaires, et sa charge de contrôleur du fourrage, on découvre l’âpre existence qui fut la sienne tout au long d’un monologue saisissant de vigueur. Car Bjarni Gíslason de Kolkustadir est un homme simple, taillé dans la lave, pétri de poésie et d'attention émerveillée à la nature sauvage. Ce beau et puissant roman se lit d’une traite, tant on est troublé par l’étrange confession amoureuse d’un éleveur de brebis islandais, d’un homme qui s’est lui-même spolié de l’amour de sa vie.

Mon avis : Bjarni est vieil homme, fermier islandais en osmose avec la nature qui l'entoure, avec les animaux dont il s'occupe. Sa femme est morte, sans qu'ils aient pu avoir d'enfants, ce qui a rongé et détruit leur relation. A l'orée de la mort, il se décide à écrire une longue lettre à Helga, cette femme qui lui a offert des instants d'amour avant que le sort ne les sépare. Sa vie aura longtemps été rongée par cet amour impossible car adultère, et qui, pour être vécu pleinement, l'aurait obligé à des choix qu'il s'est toujours refusé de faire. S'il a volontairement tenu ce bonheur à distance, l'amour aura illuminé de nombreux moments de son existence. Comme il le souligne lui-même, cet amour aurait-il été aussi puissant s'il avait pu être vécu ?

L'amour le plus ardent
est l'amour impossible.
Mieux  vaut donc n'aimer personne. (p°120)

C'est la peinture de l'Islande des années 60 qui se dessine sous nos yeux, avec un vrai clivage entre la province et la capitale, la jeune génération qui voyage et l'ancienne qui se base sur l'expérience transmise par les ancêtres. Le récit n'est pas dénué d'humour, lorsque Bjarni compare la beauté d'Helga à celle de son tracteur, ou nous parle de ses "beaux yeux de génisse", le tout étant tourné comme un compliment.
Un bon petit roman mais qui ne détonne guère de l'ambiance scandinave que j'ai pu trouver chez d'autres auteurs. On est tout de même ému par cet homme qui n'a pas su choisir et qui sera resté là, comme au bord du chemin. On sent un réel amour de la terre et de la nature. Et de cette femme, Helga.
J'ai reçu ce livre dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire avec Price Minister. Les règles du partenariat veulent que le blogueur mette une note, chose que je ne fais pas habituellement. Mais, puisqu'il le faut, je mettrais un 14 sur 20. Et je remercie les éditions Zulma.

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
J'hésite encore à le lire, au vue des avis si différents.
Nane a dit…
J'ai beaucoup apprécié cette lecture, qui me trotte encore dans la tête (voir ma recommandation en commentaire de "Rosa Candida")...
Fransoaz a dit…
Il y a plein de belles choses dans ce roman. L'écriture, la nature, le voyage dans les années 50/60 et en Islande mais Bjarni rien à faire, il ne m'a pas plu!
Jules a dit…
Un abandon pour moi, je m'attendais à plus de romantisme...
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-mots : Ca se tente. J'aime assez quand les avis sont partagés.

@ Nane : C'était sympathique, mais pas forcément emballant, à mon goût.

@ Fransoaz : Je te rejoins sur la nature, les années 50/60 et l'Islande. Peut être un peu moins sur l'écriture qui n'est pas désagréable mais n'a pas su m'emporter.

@ Jules : C'est vrai qu'on aurait pu se méprendre.
Un superbe billet.
Le coup de la comparaison avec le tracteur nous a tous marqué!!!

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