Gueule de bois [Olivier Maulin]

L'auteur : Olivier Maulin est un écrivain français né en 1969.

L'histoire : Tout commence par une gigantesque nuit d'ivresse. Pierre, journaliste pour le magazine Santé pour tous, boit un coup avec un collègue après s'être rendu à une conférence de presse. De plus en plus ivres, ils défilent de bar en bar et leur groupe s'agrandit. Entre Fanfan, grand dépressif, Ollier, alcoolique désabusé, Bassefosse, critique d'art sur le carreau, et Pierre, lui-même enclin à la folie douce, la bande va vivre des aventures absurdes et délirantes. Ces pérégrinations, qui oscillent entre farce rabelaisienne et satire du milieu mondain et littéraire parisien, offrent aussi une réflexion existentielle et lucide, aux antipodes du politiquement correct, sur notre société trop policée.

Mon avis : À la lecture de la quatrième de couverture, je m’attendais à rire. Une sorte de Tom Sharpe en plus moderne et français, une critique de la société moderne pleine d’humour. Sauf que, en dehors de la scène d’ouverture qui parlera forcément à tout parisien, rien n’est venu dérider mes zygomatiques.

Ça dézingue à tout va, certes. Pierre est un anti-héros moderne tout à fait convaincant : fainéant, mettant son réveil en avance pour le plaisir de lézarder au lit, ayant vendu son âme professionnelle pour éviter le chômage qui guette tous les journalistes et remisant ses rêves de grandeur au placard. Et bien sûr, porté sur la bibine. Car les conférences de presse sont avant tout l’occasion de rencontrer les collègues et de picoler. Avec l’alcool, les paroles se libèrent et la société entière va en faire les frais.

Ça dézingue à tout va, donc. Mais pour moi, cela manque furieusement d’une ligne directrice. L’auteur passe d’un thème à l’autre sans que le lecteur comprenne trop comment ses personnages en arrivent là. Si Pierre peut être sympathique dans son apathie, Bassefosse en costume SS ne m’a absolument pas amusé. Je me suis demandé à quoi servait le personnage de Fanfan, si vite écrasé puis oublié dans la voiture pendant que Pierre, Ollier et Bassefosse continuent de se mettre une mine. C’est là que j’ai décroché car toute vraisemblance est mise de côté. Les envolées de chacun m’ont davantage fatiguée qu’amusée. Et je ne parle pas du traitement des deux personnages féminins qui m’a passablement agacé.

J’ai trouvé la deuxième partie du livre plus agréable. Surtout parce qu’il y a un fil directeur dans la narration : Pierre part dans les Vosges pour une conférence de presse sur une scierie avant de faire un crochet auprès d’une connaissance pour préparer un éventuel article sur les loups. De là, une réflexion sur notre rapport à l’industrialisation et la compétitivité, la nature, la vieillesse (lorsqu’il croisera une maison de retraite). Les thématiques foisonnent toujours autant mais le fil directeur permet davantage d’entraîner le lecteur.

Un roman fouillis, avec des réflexions parfois évidentes mais intéressantes et qui ne sont pas mauvaises à rappeler. L’humour et la loufoquerie de l’auteur, qui semblent être sa marque de fabrique, amuseront peut être certains lecteurs. De mon côté, je suis malheureusement passée à côté.

Merci tout de même aux éditions Denoël pour la découverte de l'auteur.

Gueule de bois, d'Olivier Maulin
Denoël
Août 2014

Commentaires

Le bandeau "désopilant" est trop vendeur pour dire vrai ! Je m'en méfie comme de la peste ! Du coup, je passe mon tour...
La chèvre grise a dit…
Quand je l'ai sélectionné, je ne connaissais pas le bandeau et je me suis fiée à la 4e de couv'. En général, comme toi, ça a tendance à me faire fuir, de même que les petites phrases d'autres auteurs.
keisha a dit…
Hum, le bandeau comme ça, je déteste. je n'aime pas qu'on m'oblige à avoir un avis, et je suis sûre que j'aurais trouvé ce livre tout, sauf désopilant. Grrr.
Alex Mot-à-Mots a dit…
Tout pareil !

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