Noces de cire [Rupert Thomson]

L'auteur : Né en novembre 1955, Rupert Thomson est un écrivain britannique.

L'histoire : Florence, 1691. Zummo est un sculpteur de génie qui crée des statues de cire si délicates qu'elles semblent avoir pris vie. Il a fui sa Sicile natale pour trouver refuge dans une ville vérolée par la corruption, aveuglée par l'austérité, où les citoyens les plus riches assouvissent leurs désirs les plus pervers. Convoqué par le grand-duc qui lui a commandé une Vénus de cire grandeur nature, Zummo parcourt les ruelles labyrinthiques à la recherche d'une femme suffisamment parfaite pour servir de modèle. Mais la Toscane regorge de secrets et de dangers. La torture et les exécutions vont bon train, et, lorsqu'on trouve le cadavre d'une jeune femme sur les bords de l'Arno, le sculpteur commence à croire que le vice prend sa source à la cour des Médicis. Tout en poursuivant sa création, essayant d'insuffler la vie à sa Vénus de cire, il se demande si cette femme parfaite va le mener à son salut ou à sa perte.

Mon avis : Ce roman, je l’ai choisi déjà par envie d’un roman historique mais également parce que la quatrième de couverture me laissait espérer une ambiance un peu à la Pietra Viva de Leonor de Recondo, où j’aurais pu plonger avec délice et grâce à une jolie plume dans la composition d’un chef d’œuvre. Si je n’ai pas trouvé dans ce roman exactement ce que j’attendais, je n’ai pourtant pas été déçue pour autant.

D’abord, parce que j’ai croisé ici des personnages qui ont réellement existé. J’ai donc pu avec plaisir me ruer sur internet à la présentation de chacun pour enquêter sur « sa vie-son œuvre » : Marguerite-Louise d’Orléans, Cosme III de Médicis grand-duc de Toscane et Gaetano Zumbo. J’aime cette façon détournée de se cultiver et d’apprendre un peu plus de l’Histoire. Attention tout de même, il s’agit bien ici d’un roman de fiction et non d’une biographie complète ou même exacte sur une tranche de vie de l’artiste sculpteur. À ce que j’ai cru comprendre, l’auteur prend d’ailleurs quelques libertés avec la réalité, mais qu’importe. L'Histoire rencontre l'histoire et les faits réels sont bien là : la répression des Dominicains, l'éruption de l'Etna, le mariage de Marguerite-Louis et Cosme...

Ensuite, parce que l’auteur arrive à décrire une ville de Florence à la fin du XVIIe siècle qui tient la route. On y sent en filigrane une lutte des puissants, chacun ayant le territoire. On y croise l’austérité imposée aux plus pauvres par des grands qui ne respectent pas ce rigorisme et se croient au-dessus des lois qu’ils édictent. La morale et la religion sont les maîtres-mots, comme le terreau de la superstition et de la duperie. Car la décadence est bien là : les prostituées, le meurtre, la torture… Florence est une ville violente.

La narration où les récits s’imbriquent les uns dans les autres avec parfois des sauts dans le temps peut déstabiliser. Zumbo imagine parfois ce que certains personnages font ou rêvent loin de lui. Mais cela donne au livre un certain charme. Il suffira au lecteur d’être un minimum attentif à l’histoire qui lui est contée pour s’y retrouver.

L’histoire est par contre moins centrée sur le travail de sculpteur de cire que ce que je ne l’imaginais. Recherche de l’inspiration, de technique de moulage, de matériau propre à faire de la cire ou à la colorer… tout ceci ne représente qu’une infime partie du livre au final. La Vénus que le grand-duc de Toscane commande en secret à l’artiste est alors davantage un prétexte pour mettre en lumière ses œuvres habituelles beaucoup plus torturées et sombres. Art et médecine n’ont jamais été aussi proches, le contexte social obligeant néanmoins à prendre d’infinies précautions.

Un roman qui se lit facilement et qui est intéressant : que demander de plus ?

Noces de cire, de Rupert Thompson
Traduit par Sophie Aslanides
Denoël
Septembre 2014

Commentaires

Pour ma part,j'ai eu vraiment beaucoup de mal avec la première partie du livre ! Heureusement, j'ai fini par apprecier un peu plus
La chèvre grise a dit…
@ de-pages-en-pages : moi j'ai bien aimé l'ambiance et les côtés historiques.
Anonyme a dit…
Je pensais aussi que le roman allait beaucoup plus porter sur le métier de sculpteur de cire de Zummo et finalement, même si ce roman n'était pas ce à quoi je m'attendais, il a été une lecture intéressante!
Alex Mot-à-Mots a dit…
Le sujet ne me tente pas trop.
La chèvre grise a dit…
@ latetedansleslivres : voilà, tout pareil.

@ Alex Mot-à-Mots : pourtant intéressant mais il ne faut pas se forcer.

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