Love and friendship, de Whit Stillman

Film franco-irlando-néerlandais de Whit Stillman, sorti le 22 juin 2016, avec Kate Beckinsale, Chloë Sevigny et Tom Bennett.

L'histoire : Angleterre, fin du XVIIIe siècle : Lady Susan Vernon est une jeune veuve dont la beauté et le pouvoir de séduction font frémir la haute société. Sa réputation et sa situation financière se dégradant, elle se met en quête de riches époux, pour elle et sa fille adolescente.

Épaulée dans ses intrigues par sa meilleure amie Alicia, une Américaine en exil, Lady Susan Vernon devra déployer des trésors d'ingéniosité et de duplicité pour parvenir à ses fins, en ménageant deux prétendants : le charmant Reginald et Sir James Martin, un aristocrate fortuné mais prodigieusement stupide…

Mon avis : Voici longtemps que je n'étais pas allée au cinéma. Autre chose à faire mais aussi pas grand chose d'intéressant. Je suis tombée sur l'affiche de ce Love and friendship fin juin, annonçant un adaptation assez libre du court roman épistolaire de Jane Austen, Lady Susan. J'ai profité d'une soirée en solitaire, par ces premiers jours de chaleur, pour trouver refuge dans une salle obscure et voir ce film.

Déjà, je ne me souvenais guère de l'intrigue. Et ce qui déroute au premier abord, c'est que Whit Stillman adapte ce roman épistolaire en faisant parler abondamment ses personnages. Ça devient très très verbeux. Lorsqu'on y ajoute le style ampoulé de l'époque pour s'exprimer, le spectateur est à la limite d'être saoulé d'entrée. Je n'ai pas non plus été emballée par la présentation des personnages, tous ensemble, que je n'ai pas retenus et se sont mélangés, avant de retrouver progressivement leur juste place en apparaissant au fil de l'histoire.

Pour le reste, le charme opère toujours avec les personnages de Jane Austen. Qui surprend cette fois en s'attachant aux pas d'une femme manipulatrice et totalement antipathique, campée magnifiquement par Kate Beckinsale. Nous sommes loin des jeunes filles très candides habituelles. Ici pourtant, lady Susan Vernon est aussi une formidable observatrice des moeurs de son temps et se joue de l'hypocrisie habituelle grâce à son merveilleux don de conviction. Elle sait utiliser la parole comme personne, ne rechignant pas à dire tout et son contraire dans une même phrase sans que son auditeur n'y voit goutte. Refusant de se soumettre et d'endosser son rôle de faible femme imposé à chacune à cette époque, elle trouve dans le cynisme ce qu'il faut pour gagner son indépendance, même si c'est au prix d'un mariage sans amour, tant qu'il y a de l'argent.

Les décors et la mise en scène sont classiques, les costumes aussi, mais les dialogues font mouche et le public éclate de rire plus d'une fois.

Un film avec des défauts donc, surtout au début, mais qui m'aura au final bien amusée et donné envie de relire ce premier roman de Jane Austen. Je le recommande, même pour la gente masculine, qui pourrait être surprise.

Commentaires

Philisine Cave a dit…
J'ai bien aimé lady Susan et comme toi, ce fut mon premier Jane Austen lu. Depuis, je me suis lâchée. Il ne me reste plus que Raison et sentiments. Je pense aller au ciné prochainement pour voir Love and Friendship.
dasola a dit…
Bonsoir La chèvre grise, c'est sûr que c'est un film bavard, mais j'en redemande: c'est drôle, impertinent et les femmes ont le beau rôle. Bonne soirée.
Philisine Cave a dit…
J'ai vraiment bien aimé cette adaptation : c'est très réussi avec des interprétations remarquables (brillante Kate Beckinsale, aussi sublime que perfide et irrésistible Tom Bennett).
Myrtille lit a dit…
Je n'ai pas trop suivi l'actualité ciné ces derniers temps mais j'adore les adaptations de Jane Austen, donc merci pour ton billet ! :)

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