J'enquête [Joël Egloff]

L'auteur : Né en 1970, Joël Egloff est un scénariste et écrivain français. J'enquête est son 6e roman.

L'histoire : Dans une petite ville perdue, au cœur de l'hiver, un privé est chargé de résoudre une affaire. Mais au fil des jours, l'enquête piétine, et peu à peu il s'enlise.

Mon avis : Attention, il ne s'agit pas ici d'un roman policier, contrairement à ce qu'on pourrait penser en lisant le titre. Le narrateur est pourtant bien un enquêteur. Ancien gardien de square, il a décidé de s'ouvrir à une toute nouvelle carrière et part en province résoudre un enlèvement. Pour cela, il laisse femme, enfants malades et chaudière en panne. Mais la guigne est une seconde peau chez lui. Dès les premières lignes, l'ambiance est posée : il fait froid et la neige est là et lui a oublié gants et bonnets dans le train. Tout sera à l'aune de ces premiers instants.

Il y a un humour un peu tragique dans les aventures de ce personnage, drôle malgré lui, frôlant parfois la bêtise profonde. Et cet humour est teinté d'absurde tant le narrateur est absorbé par sa tache : enquêter. Il n'enquête pas sur quelque chose, non, il enquête, c'est tout. Avec ces mots, vous imaginez bien comment tout cela peut aboutir. On attend que quelque chose se présente pour que l'action commence, tout comme le narrateur attend (quoi ? un miracle ?) pour trouver la solution de son mystère. On attend le résultat d'une enquête qui ne commence jamais véritablement et qui donc n'aboutira jamais non plus.

Soyons clair, il ne se passe rien dans ce roman, ou si peu. Tout l'intérêt est de savoir comment Joël Egloff réussit à nous tenir en haleine avec ce rien. Car oui, même en sachant qu'on n'aboutira nul part, on y retourne pour savoir comment cela peut continuer. Et le lecteur de se retrouver lui aussi pris dans un cercle absurde, à la fois étonné et intrigué de ce qu'il lit. Ca fonctionne parce que l'auteur sait faire simple et court, juste deux cents pages.

Un roman différent donc, original et habile, mais je n'ai pas été plus amusée que cela. L'humour, indéniable pourtant, est un peu trop absurde à mon goût. Si on sourit au début des situations dans lequel se met le narrateur, à force elles ont fini par me gêner : j'avais l'impression d'être une voyeuse se distrayant des mésaventures de quelqu'un, sans que rien ni personne ne veuille même lui venir en aide. On assiste à son naufrage sans que celui-ci en soit seulement conscient.

C'est chez Yspaddaden que j'avais repéré ce roman, et elle a été plus emballée que moi.

"Bien que je fusse impatient de mettre mes nouvelles bottines à l,'épreuve, au cours d'une longue filature, j'ai jugé bon d'attendre encore un peu que le cuir se détende, et de trouver aussi un suspect digne d'intérêt à filer." (p°143)


J'enquête, de Joël Egloff
Buchet-Chastel
Mars 2016

Commentaires

keisha a dit…
Egloff c'est spécial, mais j'adore!
Sandrine a dit…
Ah dommage.. rien qu'à te lire moi, j'ai envie de replonger dans ce livre :-)
La chèvre grise a dit…
@Keisha : c'était mon premier, alors je retenterai peut être...

@Sandrine : merci tout de même de la découverte !
Alex Mot-à-Mots a dit…
Deux avis vraiment différents. Il ne nous reste plus qu'à le lire pour vous départager.

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