Le tour de valse [Denis Lapière & Rubén Pellejero]

Les auteurs : Né en août 1958 à Namur, Denis Lapière est un scénariste belge de bande dessinée. Il s'associe ici avec le dessinateur espagnol  Rubén Pellejero né en décembre 1952.

L'histoire : Vosto, le 14 juillet 1953.

Youlie, Seriojenka, mes chéris, mes chéris.

Vous me manquez beaucoup. Aujourd'hui, comme les autres jours, je porte de la tourbe volée pour mémère Grounia. Elle ne parle toujours pas des camps ni des prisonniers, mais je saurai la convaincre, croyez-moi. Parfois, dans ses regards muets, je lis une envie brûlante de dire, mais les mots ne lui sortent pas de la bouche, elle se méfie. Du reste, moi aussi. Il nous reste du chemin à parcourir. J'ai capturé un moustique - un gros, un de plus - pour le livre de papa. Ici, l'été, on dirait qu'il en naît dix sous chaque caillou.

La Sibérie est un pays carnivore.

Je vous embrasse.

Maman.

Mon avis : On reprend les billets BD du mercredi avec une histoire pas vraiment gaie. Direction l'URSS dans les années 50. Une femme a laissé ses deux enfants pour partir en Sibérie et tenter de retrouver son mari, déporté dans un goulag sous un prétexte fallacieux. C'est que la dénonciation va bon train, chacun s'espionne et la méfiance règne. Vitor, son mari, a connu les horreurs de la seconde guerre mondiale et en est revenu. Il a réussi à se construire une vie de famille avec Kalia. Mais rapidement, les déportations internes dans les goulags sont à leur apogée. Vitor est condamné à sept ans loin des siens. Il sera un zek jusqu'en 1953, à la mort de Staline, où la discipline sera petit à petit assouplie et les ordres de libération signés par Khrouchtchev.

C'est donc une famille somme toute ordinaire dont le destin est brisé par l'idéologie communiste alors toute puissante. Le scénario prend son temps et ne sombre pas dans l'horreur. Mais du coup, ça m'a semblé manquer de lignes de force, d'élément choc pour porter l'ensemble du récit.

Le tour de valse, planche
Le trait de crayon de Pellejero est appuyé, bon nombre de planches sont très sombres pour illustrer la dureté des conditions de vie. J'ai trouvé cependant le dessin moins bon pour rendre la panoplie des sentiments qui doivent envahir les protagonistes : peur, espoir, joie... j'ai eu l'impression que tout était rendu de la même façon.

Cet album illustre un moment sombre de l'Histoire, mais aussi une belle histoire de femme prête à tout pour retrouver l'homme qu'elle aime. Mais si j'ai apprécié l'aspect historique, je n'ai pas été vraiment embarquée dans le récit.

Le tour de valse, de Pellejero et Lapière
Éditions Dupuis, Aire libre
Octobre 2004

Commentaires

eimelle a dit…
j'en avais vu une adaptation "projection-concert" au festival d'Avignon, j'avais apprécié!
La chèvre grise a dit…
@ Eimelle: ah, l'expérience devait être intéressante déjà, effectivement !

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