L'arabe du futur [Riad Sattouf]
L'auteur : Riad Sattouf est un réalisateur et auteur de bande dessinée français, né en mai 1978
L'histoire : Ce livre raconte l'histoire vraie d'un enfant blond et de sa famille dans la Libye de Kadhafi et la Syrie d'Hafez Al-Assad.
Mon avis : Empruntés à la bibliothèque, j'ai lu de façon espacée les 3 tomes aujourd'hui parus sur 5 prévus. L’histoire n’est donc pas encore terminée mais on comprend déjà ce qu’essaie de nous montrer Riad Sattouf avec ce récit autobiographique : raconter le Moyen-Orient à travers le regard sans aucun jugement d’un enfant. Et il a déjà parfaitement réussi.
Par les yeux du petit Riad, enfant blond né en France d'un père Syrien et d'une mère Française qui se sont rencontrés à l'université, le lecteur va de découverte en découverte et s'approprie les us et coutumes. L'enfant accepte sans discuter des situations qui semblent totalement anormales pour un Français adulte. En même temps, le regard innocent sait aussi parfois véhiculer l'étonnement ou être sans concession, indifféremment selon le pays dans lequel il se trouve. L'enfant ouvre grand les yeux, apprend et s’adapte. Sa vie est riche et plutôt heureuse même si pas toujours facile. En tout cas, il découvre le monde sans aucun préjugé.
Ce qui m'a gênée par contre, c'est la vision du père et de la mère. Lui, admirateur du monde arabe et de Nasser, veut enseigner. Il va répondre à l’appel de Khadafi d’abord, et s’en servir de tremplin avant de rejoindre la Syrie. Il apparait orgueilleux, grande gueule mais pleutre. Il embarque pourtant toute la famille pour tenter d’arriver à vivre ses ambitions. Mais il ne veut pas en payer le prix et se retrouve coincé et déchiré entre un mode de vie à l’occidental qui lui laisse espérer pouvoir atteindre ses rêves les plus fous et son attachement à sa culture et aux traditions de son pays. Pourtant, plus que le petit Riad, l’arabe du futur c’est peut-être lui, Abdel-Razk. Il a pu voyager, sortir d’un moule et s’ouvrir à d’autres cultures. C’est lui qui, insiste pour que son fils apprennent partout où il se trouve. Il m'a déstabilisée à chaque tome, à s’enterrer dans des petits villages et à sacrifier à des traditions qu’il ne cautionne pas. Il a soif de reconnaissance et est indéniablement cultivé, pourtant il tient parfois des remarques déplacées, sexistes ou misogynes. Ça donne un côté ridicule au personnage qui m’a embarrassée, même si l'enfant lui ne s'embarrasse pas de ces contradictions.
Clémentine, la mère, est très effacée et n'a que peu la parole, à quelques rares exceptions près, alors que la description de la rencontre de ses deux parents laisse entrevoir une femme d'un caractère plus affirmé. Il faut attendre le troisième tome pour qu’elle trouve plus de voix. Elle commence à s’opposer et à faire entendre elle aussi ses aspirations. Encore une fois, certains étonnements de la part du lecteur occidental ne sont pas du tout relayé par le petit Riad. Par exemple, il ne fait aucune remarque sur la façon dont cette étrangère aux cheveux blonds peut être perçue. Son rôle est souvent cantonné à celui d’épouse et de mère, occupée par les enfants et la tenue de la maison. Par choix ou par nécessité, on ne le sait pas.
Par les yeux du petit Riad, enfant blond né en France d'un père Syrien et d'une mère Française qui se sont rencontrés à l'université, le lecteur va de découverte en découverte et s'approprie les us et coutumes. L'enfant accepte sans discuter des situations qui semblent totalement anormales pour un Français adulte. En même temps, le regard innocent sait aussi parfois véhiculer l'étonnement ou être sans concession, indifféremment selon le pays dans lequel il se trouve. L'enfant ouvre grand les yeux, apprend et s’adapte. Sa vie est riche et plutôt heureuse même si pas toujours facile. En tout cas, il découvre le monde sans aucun préjugé.
Ce qui m'a gênée par contre, c'est la vision du père et de la mère. Lui, admirateur du monde arabe et de Nasser, veut enseigner. Il va répondre à l’appel de Khadafi d’abord, et s’en servir de tremplin avant de rejoindre la Syrie. Il apparait orgueilleux, grande gueule mais pleutre. Il embarque pourtant toute la famille pour tenter d’arriver à vivre ses ambitions. Mais il ne veut pas en payer le prix et se retrouve coincé et déchiré entre un mode de vie à l’occidental qui lui laisse espérer pouvoir atteindre ses rêves les plus fous et son attachement à sa culture et aux traditions de son pays. Pourtant, plus que le petit Riad, l’arabe du futur c’est peut-être lui, Abdel-Razk. Il a pu voyager, sortir d’un moule et s’ouvrir à d’autres cultures. C’est lui qui, insiste pour que son fils apprennent partout où il se trouve. Il m'a déstabilisée à chaque tome, à s’enterrer dans des petits villages et à sacrifier à des traditions qu’il ne cautionne pas. Il a soif de reconnaissance et est indéniablement cultivé, pourtant il tient parfois des remarques déplacées, sexistes ou misogynes. Ça donne un côté ridicule au personnage qui m’a embarrassée, même si l'enfant lui ne s'embarrasse pas de ces contradictions.
Clémentine, la mère, est très effacée et n'a que peu la parole, à quelques rares exceptions près, alors que la description de la rencontre de ses deux parents laisse entrevoir une femme d'un caractère plus affirmé. Il faut attendre le troisième tome pour qu’elle trouve plus de voix. Elle commence à s’opposer et à faire entendre elle aussi ses aspirations. Encore une fois, certains étonnements de la part du lecteur occidental ne sont pas du tout relayé par le petit Riad. Par exemple, il ne fait aucune remarque sur la façon dont cette étrangère aux cheveux blonds peut être perçue. Son rôle est souvent cantonné à celui d’épouse et de mère, occupée par les enfants et la tenue de la maison. Par choix ou par nécessité, on ne le sait pas.
L'arabe du futur tome 3, de Riad Sattouf - page 37 |
Les différents pays sont rendus par une ingénieuse astuce de couleurs dans des planches trichromatiques : la France est en bleu, la Syrie et le Liban en rose, la Libye en jaune. Cela permet de bien situer l’action alors même que la famille voyage dans le monde arabe ou fait des allers-retours avec la France. Et l’auteur attire l’œil du lecteur par certaines incursions dans le dessin, via des flèches pour désigner certains éléments par exemple, qu’il accompagne de commentaires.
En bref, une belle plongée dans un monde et une époque trop mal connue et que l’actualité porte aujourd’hui malheureusement sur le devant de la scène pour la pire des raisons. Même si la relation du couple me questionne beaucoup, L'arabe du futur est une série qu'il serait dommage de rater.
L'arabe du futur tome 1 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984), tome 2 (1984-1985), tome 3 (1985-1987) de Riad Sattouf
Allary éditions
Mai 2014, Juin 2015 et Octobre 2016
Une série de BD que j'ai beaucoup aimé. On y découvre une période et un pays méconnu, tu as raison.
RépondreSupprimerComme toi, je me suis beaucoup interrogée sur les parents. Je ne comprends pas la mère qui se laisse marcher sur les pieds et imposer une vie qui n'a pas l'air de lui plaire. Pour le père, je le trouvais plus que rétrograde jusqu'à ce qu'il ignore le père qui a tué sa propre fille pour des questions d'honneur dans le tome 2, même si ça ne le rend pas parfait non plus.
RépondreSupprimerCes contradictions sont intéressantes je trouve, et même si comme tu le dis, le petit garçon ne les perçoit pas, le lecteur a les cartes en main pour les analyser.
Bref, une belle série qui mérite son succès.