Le chagrin des vivants [Anna Hope]

L'auteur : Née en décembre 1974, Anna Hope est une actrice et écrivaine anglaise, connue notamment pour son rôle dans Docteur Who.

L'histoire : Durant les premiers jours de novembre 1920, l'Angleterre attend l'arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France pour une cérémonie d'hommage.
À Londres, trois femmes vivent ces journées à leur manière. Evelyn, dont le fiancé a été tué et qui travaille au bureau des pensions de l'armée ; Ada, qui ne cesse d'apercevoir son fils pourtant tombé au front ; et Hettie, qui accompagne tous les soirs d'anciens soldats sur la piste du Hammersmith Palais pour six pence la danse. Dans une ville peuplée d'hommes mutiques, rongés par les horreurs vécues, ces femmes cherchent l'équilibre entre la mémoire et la vie. Et lorsque les langues se délient, les cœurs s'apaisent.

Mon avis : L’année dernière nous célébrions les 100 ans de l’armistice de la Première guerre mondiale. Cette célébration fut l’occasion de beaucoup de documentaires, films, romans et œuvres en tout genre. Anna Hope propose ici un premier roman original car, au-delà de la simple peinture d’une époque révolue, elle opte pour un point de vue assez rarement vu : celui de la femme. Pour cela, elle se fait l’écho d’Ana, Hettie et Evelyn, pendant les cinq jours qui précèdent l’arrivée à Londres du cercueil du soldat inconnu, en novembre 1920. Trois femmes pour qui, à l’image de ces hommes abimés de bien des façons, la reconstruction s’avère complexe tant cette guerre à chambouler tous les repères. A leur manière, elles ont fait la guerre, par l’intermédiaire d’un amant, d’un fils ou d’un frère.

Le deuil est difficile, certaines femmes refusent d’accepter la perte, s’enferment dans leur chagrin. Quand chacun est touché, quand le drame est collectif, quelle voix reste-t-il à la douleur individuelle ? Malgré les difficultés, Ana, Hettie et Evelyn luttent pour continuer à vivre plutôt que survivre. Elles ont parfois été marquées dans leur chair. Elles ont beaucoup donné et il est alors inconcevable de faire comme si rien ne s’était passé. Un vent de liberté commence à souffler, pour peu qu’elles dépassent le chagrin et osent s’émanciper. Anna Hope décortique ce qui les anime et les pousse à avancer.

De beaux portraits individuels donc mais j’avoue ne pas avoir été vraiment touchée. Le souci principal que j’ai eu avec ce roman tient à son style trop plat qui fait que l’ensemble, même s’il propose de beaux portraits de femmes, manque terriblement de relief et risque d’être vite oublié. Je n’ai pas non plus adhéré aux paragraphes de sélection et de rapatriement du soldat inconnu, qui m’en ont rappelé d’autres mieux écrits (dans un roman français il me semble, mais je ne retrouve plus lequel). Pourtant, on comprend aussi que cette cérémonie, critiquée par certains et redoutée par d’autres, est pensée par le gouvernement de sa Majesté pour exorciser les fantômes. Notre regard de lecteur ne peut s’empêcher d’être critique devant ses hommes et ses femmes qui n’ont au final que peu de temps pour penser leurs plaies avant de remettre ça dix-neuf ans plus tard.

Le chagrin des vivants, d'Anna Hope
Traduit par Élodie Leplat
Éditions Folio
Juillet 2017

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Une lecture intéressante, et le style ne m'avait pas dérangé.
Une lecture qui ne t'as pas convaincue, donc. Pour ma part, j'ai beaucoup aimé ce livre et également la salle de bal de cette auteure.
Daphné
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-mots : beaucoup on su l'apprécier bien plus que moi.

@ Tant qu'il y aura des livres : J'avoue avoir été un peu échaudée par cette lecture. Pas très envie de tenter "La salle de bal" que beaucoup ont su apprécier aussi.

Posts les plus consultés de ce blog

La cité Abraxas

Thérapie [Sebastian Fitzek]

Musée du Quai Branly #4 : Amériques