Sukkwan island [David Vann]

L'auteur : Né en octobre 1966 en Alaska, David Vann est un auteur américain. Sukkwan island est son premier roman, largement autobiographique.

L'histoire : Une île sauvage du sud de l'Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C'est dans ce décor que Jim décide d'emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d'échecs personnels, il voit là l'occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu'il connaît si mal. Mais la rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu'au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.

Mon avis : Encensé par la critique et prêté par ma cousine adorée, j’ai enfin fini par lire ce fameux premier roman de David Vann. J’avoue avoir été déçue.

Égocentrique au possible, lâche, manipulateur, Jim, le père, est un personnage rebutant. À côté de lui, son fils Roy du haut de ses treize ans tente autant qu’il le peut d’aider cet homme perdu mais que rien ni personne ne peut sauver de lui-même. En allant tous les deux au cœur de la vie sauvage, c’était méconnaître que chaque faille de l’être humain serait alors exacerbée, exploitée et mise à nue. Difficile dans ces conditions de faire table rase d’un passé aussi handicapant, d’autant que les mêmes schémas sont sans cesse ressassés, et que l’homme se morfond dedans jusqu’à pourrir tout ce qui l’entoure, jusqu’à l’innocence de la jeunesse. Ainsi sape-t-il aussi la seule béquille qui l’empêchait de sombrer dans la folie.

On retrouve ici le mythe du contact avec la nature qui permet de se retrouver, comme si les grands espaces avaient une magie qui purge l’homme de ses plus sombres aspects, qui efface les ardoises. Sauf qu’un si long séjour isolé dans un environnement hostile ne s’improvise pas : les erreurs de débutant quant à la gestion de la nourriture, du bois et des abris tournent vite à la catastrophe annoncée. L’Homme est surement son plus grand ennemi, bien avant la nature elle-même. Le drame se profile donc dès le début et le malaise immédiatement présent. La tension monte elle petit à petit, avec l’accumulation des maladresses et au fur et à mesure que la relation entre père et fils ne se stabilise pas. On sait que quelque chose va se passer. Point de surprise donc quand tout bascule, j’avoue que je m’attendais bien à ça.

Mon problème avec cette lecture c’est que je suis restée à distance, je n’ai ressenti ni empathie pour les personnages ni résonance personnelle dans les situations et sentiments décrits. J’ai vu passer les événements comme on regarderait un train passer, sans plus d’impression, avec une forme d’indifférence. Pas de colère, pas de malaise, comme si je n’adhérais pas un instant à la proposition de l’auteur. Pourtant, je partage tous les arguments des critiques plus que positives. Mais ce roman n'est tout simplement pas pour moi : ce genre de récit me laisse froide.

"Mais il se demandait pourquoi ils étaient là, quand tout ce qui semblait importer à son père se trouvait ailleurs. […] Il commençait à se demander si son père n’avait pas échoué à trouver une meilleure façon de vivre. Si tout cela n’était pas qu’un plan de secours et si Roy, lui aussi, ne faisait pas partie d’un immense désespoir qui collait à son père partout où il allait." (p°112)


Sukkwan island, de David Vann
Traduit par Laura Derajinski
Éditions Gallmeister
Juin 2011

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Une lecture qui m'a déçue également : je n'ai pas compris la fin.
dasola a dit…
Bonsoir La chèvre grise, et bien moi non plus, je n'ai pas aimé. J'ai même détesté. L'histoire est épouvantable. Et j'ai trouvé en plus que c'était mal écrit (ou traduit). Je n'ai pas eu envie de continuer avec cet écrivain. Bonne soirée.
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-mots & Dasola : ah bah je suis contente de voir que je ne suis pas la seule ! On nous l'a tellement vanté !
Philisine Cave a dit…
Tout pareil. Bises

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