Les misérables, de Ladj Ly

Film français de Ladj Ly, sorti le 20 novembre 2019, avec Damien Bonnard, Alexis Manenti et Djebril Didier Zonga.

L'histoire : Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux "Bacqueux" d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes...

Mon avis : Voici un premier long métrage réussi, et pour lequel beaucoup de critiques ont parlé d'une filiation avec La haine. Clairement, la thématique de la colère sociale dans les banlieues place Les misérables dans la même catégorie. On voit les groupes d'enfants désœuvrés chercher des occupations, des adultes qui tiennent la cité à base de trafic ou de religion, des parents désemparés et des flics qui jouent les gros bras comme les autres pour garder leur place sur l'échiquier. Tous sont totalement débordés par les conséquences de leurs actes, qui s’enchaînent les uns après les autres, en un ballet sans fin. 

On sent la tension monter, on voit le point critique atteint, et on sait qu'aucun ne voudra faire marche arrière histoire de ne pas perdre la face. Et le spectateur de se dire, qu'on a surement loupé quelque chose dans l'éducation depuis des générations : être un adulte, un homme, c'est aussi surtout reconnaître ses erreurs. Devant l'incapacité des uns et des autres à admettre la moindre faute, la haine se distille. Ni vraiment coupables, car forgés par le milieu dans lequel ils évoluent, ni vraiment innocents, car responsables des choix faits, les hommes se mettent eux-mêmes dans des situations impossibles où tout le monde est perdant.

Ladj Ly montre tout cela magnifiquement, joue de la caméra en prenant par moment de la hauteur, apportant du rythme comme il faut. Des acteurs parfaits servent le film, chacun étant justes.

Il n'empêche que ce film n'est pas pour moi la claque que fut La haine. D'abord parce que c'est un genre désormais connu. Ensuite, parce que rien de nouveau sur la banlieue n'est ici abordé : malheureusement, on sait tout cela depuis des dizaines d'années et rien ne change, c'est bien ce qui est dramatique ! Enfin par sa construction, le film ne montre pas le moment où tout bascule mais jusqu'où tout cela peut mener.

Pour autant, Ladj Ly nous propose ici un film qu'il ne faut pas manquer, qui a reçu le prix du jury à Cannes. Peut-être le film de l'année (pour ceux que j'ai vu).

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