Oui, je sais, j'aurais pris mon temps pour rédiger ce billet. Il faut dire que jusqu'ici j'avais toujours un autre billet plus d'actualité à publier ou pas assez de temps. Les circonstances actuelles ne permettent plus les billets sur le cinéma ou les expositions. Alors, je replonge dans les billets mis de côté et je m'attelle au travail.
Or donc, je voulais vous parler du jardin d'agronomie tropicale que j'ai eu l'occasion de visiter grâce à une visite guidée lors des journées du patrimoine 2018.
En 1860, Napoléon III concède le bois de Vincennes à la ville de Paris. L'Empereur veut que ce domaine forestier de près de 1000 hectares devienne un lieu de promenade et de détente pour les populations ouvrières de l'Est parisien. En lisière de Nogent-sur-Marne, 16 hectares sont attribués au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris pour y installer une annexe. En 1899, le Muséum accepte la création d'un jardin d'essai colonial pour accroître la production agricole dans les colonies françaises. En 1907, il accueille une Exposition coloniale qui rencontre un grand succès auprès du public. D'ailleurs, au détour des allées, le promeneur tombe régulièrement sur des édifices et pavillons construits à cette époque.
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Porte chinoise à l'entrée du Jardin d'agronomie tropicale de Paris |
La porte chinoise fut installée en 1906 dans l'exposition coloniale du Grand Palais avant de rejoindre le Jardin d'agronomie tropicale en 1907 pour l'exposition. Si on ignore sa provenance exacte, tous ses éléments décoratifs sont d'origine asiatique. Elle a été dégradée fortement par la tempête en 1999. En 2011, on restaure sa toiture et démonte les personnages sculptés pour les remettre en état.
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Monument aux Cambodgiens et aux Laotiens morts pour la France |
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Détail du pont menant au monument aux Cambodgiens et Laotiens morts pour la France |
Pendant la Première guerre mondiale, bâtiments et personnel non
mobilisé sont mis à la disposition d'un hôpital militaire pour y soigner
les blessés des troupes coloniales. Après la guerre, plusieurs
monuments commémoratifs sont érigés sur le site. Lorsque la Seconde
guerre mondiale éclate, le Jardin survit difficilement et l'enseignement
agronomique déserte le site pour Paris. À la fin de la guerre, quelques
initiatives voient le jour pour relancer le Jardin : Centre Technique
Forestier Tropical en 1949, création de l'Institut de Recherches
Agronomiques Tropicales en 1960, du Centre de coopération Internationale
en Recherche Agronomique pour le développement en 1984.
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Vestiges de la bambouseraie du Jardin d'agronomie tropicale |
En 2003, la
Ville de Paris prend possession des 4.5 hectares de la partie paysagée
du Jardin et l'ouvre au public. Aujourd'hui, la végétation est
essentiellement naturelle où seuls les édifices et les allées sont
dégagés. La végétation y est
essentiellement endémique à l'Île-de-France avec seulement quelques
espèces
tropicales. Malheureusement, par manque d'entretien et suite à des dégradations, les édifices restant sont très délabrés.
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Temple du souvenir Indochinois |
Après le pillage et l'incendie du vrai temple en 1984, un nouveau est construit grâce à une souscription en 1992. C'est ce nouveau temple que voici, transformé depuis en monument aux Vietnamiens morts pour la France.
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Esplanade du Dinh |
Pour le pavillon de la Tunisie, la végétation tropicale laissée à l'abandon a fait place à une végétation endémique. La bâtisse elle-même tombe en ruines. Depuis août 2019, un projet de reconstruction et de réhabilitation vise à en faire un espace de restauration et un centre de ressources pour le CIRAD. Livraison prévue début 2020 mais je n'ai pas encore eu l'occasion d'aller voir cela.
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Pavillon de la Tunisie |
Du pavillon de la Réunion ne demeure qu'un petit kiosque caché au milieu de la végétation.
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Kiosque du pavillon de la Réunion |
Globalement donc, la question des bâtiments est au cœur de ce Jardin. Si le sujet du colonialisme est forcément délicat, laisser ces vestiges complètement à l'abandon ne semble pas satisfaisant. Un travail de restauration est en cours mais il prend beaucoup de temps, n'étant clairement pas une priorité pour la Mairie de Paris qui n'alloue pas les fonds nécessaires. Même les serres sont laissées à l'abandon.
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Serres du Jardin d'agronomie tropicale |
Un jardin dans lequel il fait bon déambuler et se laisser surprendre, même si on apprécierait beaucoup de voir des bâtiments en bien meilleur état.
le kiosque de La Réunion me fait plutôt penser à des constructions à Mayotte (ex le musée de la vanille) mais ce sont des souvenirs sans photos alors je me trompe peut être, merci pour cette balade originale
RépondreSupprimerCe n'est pas toujours ouvert au public? Il a son charme, ce coin là
RépondreSupprimerkeisha
@ XL : et pourtant, j'ai vérifié, c'est bien le kiosque du pavillon de La Réunion :) Après, Réunion, Mayotte, ce n'est vraiment pas très loin et j'imagine assez que la colonisation faisait des constructions semblables dans ces colonies géographiquement rapprochées.
RépondreSupprimer@ Keisha : si bien sûr, mais là pour les journées du patrimoine nous avions droit à un guide.