Protocole gouvernante [Guillaume Lavenant]

L'auteur : Diplômé de l'INSA et un master en lettres en poche, Guillaume Lavenant partage son temps entre son métier d'ingénieur et sa passion pour le théâtre au sein du collectif nantais Extra Muros. En parallèle, il écrit son premier roman Protocole gouvernante.

L'histoire : Une jeune femme sonne à la porte d'une maison dans une banlieue pavillonnaire coquette et tranquille. Le couple aisé qui l'accueille lui donne quelques recommandations concernant leur fille Elena, dont elle aura la charge. La gouvernante sourit, pose les mains bien à plat sur ses genoux, module sa voix, les met à l'aise... En suivant à la lettre le protocole imaginé par l'étrange Lewis, elle saura se rendre indispensable. Elle deviendra la confidente et l'objet de tous les désirs enfouis par cette famille en apparence idéale.
Mais cette gouvernante n'est pas seule. Ils sont nombreux comme elle à s'être infiltrés à divers endroits de la société. Les motos vont rugir. Une action d'envergure se prépare et, dans l'ombre, tous y concourent.
Alors que le vernis craque et que l'emprise de la jeune femme grandit, la tension se fait de plus en plus palpable. Jusqu'au grand jour.

Mon avis : Une jeune femme, dont on ne connaîtra pas le nom, est embauchée en tant que gouvernante pour s’occuper de la petite dernière. C’est un élément perturbateur qui vient troubler le quotidien d’une famille modèle. Petit à petit, sous son influence, tout se dérègle. Seul le fils aîné, Charles, semble s’apercevoir de quelque chose. Mais rien ni personne ne sera en mesure d’empêcher ce qui s’annonce.

La narration intrigue forcément : paragraphes brefs et un narrateur qui s’adresse au personnage principal par un vous et l’utilisation du futur. La gouvernante lit et respecte à la lettre un protocole qui a été écrit pour elle, dans la situation où elle se trouve. Une suite de consignes donc, de choses à faire ou à dire. Le style étonne donc, mais lasse aussi au bout d’un moment tant la vie au sein de cette famille est monotone et que tout est énoncé sur le même ton. Il est difficile de distinguer ce qui pourrait sortir de l’ordinaire et le lecteur se retrouve bercé dans une routine. Et, comme à aucun moment nous ne sommes dans la tête des personnages, tout est en distance, empêchant de s’attacher. Si je comprends le procédé narratif comme un parfait reflet de ce qui se déroule dans la maison familiale, il n’en demeure pas moins que la lecture n’est pas toujours très enthousiasmante.

Ce qui tient le lecteur par contre, c’est que le roman est court et que la tension monte. On sent le drame se préparer sans qu’on en comprenne exactement la teneur. On se demande qui sont Lewis et Strand dont les noms reviennent régulièrement, comme des incartades dans la rédaction si précise et minutée de ce protocole. Quel est donc ce livre de contes que la jeune femme offre à la petite Elena ? Quel est cette mission dont semble être investie la jeune femme ?

Sur les dernières pages, tout se dévoile. Enfin, disons qu’on comprend un peu plus le pourquoi, qui s’avère essentiellement politique. La fin en elle-même n’a guère d’importance, le but étant surtout de dénoncer, quoi ? Nos petites vies bourgeoises bien confortables ? Chacun y trouvera ce qu’il a envie. Mais au final, tout ça juste pour ça ?

Il s’agit donc à mon sens plus d’un exercice de style que d’un réel roman.

Protocole gouvernante, de Guillaume Lavenant
Éditions Payot & Rivages
Juin 2019

Commentaires

keisha a dit…
En tout cas on ne le lâche pas (sauf pour part j'ai fini par sauter les épisodes du feuilleton tele)
La chèvre grise a dit…
@ keisha : pareil :)
Alex Mot-à-Mots a dit…
Je ne te sens pas pleinement convaincue....
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-mots : non clairement pas :)

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