Azrayen [Giroud & Lax]

Les auteurs : Né en mai 1956 et mort en juillet 2018, Franck Giroud était un scénariste français de bande dessinée. Il a collaboré avec Christian Lax, né en janvier 1949, lui-même dessinateur et scénariste français de bande dessinée. Cette collaboration pour Azrayen leur vaut le grand prix de la critique en 1999.

L'histoire : Algérie 1957. Au coeur de la guerre qui oppose l'armée française aux rebelles luttant pour l'indépendance de leur pays, un événement préoccupe au plus haut point l'état-major français : une section de vingt-deux hommes a disparu, avec armes et bagages, depuis deux semaines. Cette section, composée de harkis, ces Algériens enrôlés dans l'armée française, est commandée par le lieutenant Messonnier. Le capitaine Valéra, chargé de retrouver Messonnier et sa section, mène son enquête dans les montagnes kabyles, là même où la section s'est évanouie.

Mon avis : Dyptique de bande dessinée historique se déroulant pendant la guerre d’Algérie et plus précisément en 1957, Azrayen nous décrit une enquête de soldats français. Messsonier et toute son unité ont disparu dans les montagnes de Kabylie. Que s’est-il passé ? Une désertion ? Une rébellion ? Une embuscade ? L’état-major exige une réponse et dépêche Valera et sa section sur ses traces.

L’idée du scénario vient des carnets tenus par le père de Giroud lors du conflit, soldat parti sans a priori et revenu hanté par les horreurs de la guerre. Car le soldat n’est qu’un pion, pris par des enjeux qui le dépassent de loin. Cette thématique va être traitée à travers l’évocation d’un fait réel : la disparition d’une unité en Kabylie. L’originalité là aussi tient à ce que le conflit franco-algérien est rarement traité dans le monde de la bande dessinée. Ici, c’est le cas et sans aucun manichéisme. Les auteurs ne prennent jamais partie : il n’y a pas de bons ou de mauvais mais de simples hommes, avec des contradictions, dans les deux camps. Pétris de conviction, ils finissent par être pris de doutes et de peur, ce qui les amène à faire bon nombre d’erreurs et d’exactions. Pourtant, le même destin attend chacun : la mort, inéluctablement.



Le graphisme est un peu anguleux et colle aux gueules féroces des soldats, tout en n’oubliant pas par moment de révéler leurs peurs. Bref, il est très expressif. La mise en couleur rend magnifiquement les paysages secs de la région.

Les deux auteurs ont fait beaucoup de travaux de recherche, comme le montrent le cahier en conclusion. Pour autant, le diptyque reste tout à fait accessible : pas de longues explications ou de remise en contexte du conflit, le récit va directement à l’essentiel.

Un bel ouvrage que je conseille.


Azrayen, 2 tomes, de Giroud et Lax
Éditions Dupuis Aire Libre
Novembre 1998 et Mai 1999

Commentaires

XL a dit…
je l'ai lu il y a peu, qu'est-ce qu'il est bien fait !
La chèvre grise a dit…
@ XL : oui, vraiment bien.

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