Le rouge n'est plus une couleur [Rosie Price]

L'auteur : Née en 1992, Rosie Price, diplômée de Cambridge, travaille dans une agence littéraire londonienne avant d'écrire avec Le rouge n'est plus une couleur son premier roman. Celui-ci a été salué par les critiques. Il a entre autres reçu le prix du meilleur roman étranger de la Griffe Noire.

L'histoire : Kate et Max se rencontrent à l'université, et les deux amis deviennent immédiatement inséparables. Très vite, Kate fait la connaissance de la famille de Max - une famille bourgeoise, cultivée, très différente de la sienne - qui l'accueille chez elle à bras ouverts. Mais lors d'une fête d'anniversaire, pendant que la soirée bat son plein au rez-de-chaussée, le cousin de Max entraîne Kate dans une chambre à l'étage. Elle n'ose pas refuser et la porte se referme. Sa vie s'écroule alors, seconde après seconde, sans qu'elle ait la force de regarder son agresseur. Ses yeux fixent le ruban écarlate cousu dans le col du garçon pendant que celui-ci la viole ; pour Kate, le rouge ne sera plus jamais un couleur.

Mon avis : Kate et Max se rencontrent à l’université. Très vite, la jeune fille, si réservée, est subjuguée par Max et sa facilité pour aborder la vie. Par le biais de cette amitié, Rosie Price campe les différences sociales entre ses deux personnages. Kate est fascinée par le travail de la mère de Max et celui-ci a un comportement insouciant qu’elle-même ne peut pas se permettre. Alors Max va l’entraîner dans son sillage.

Ma lecture de ce premier roman fut assez décevante, notamment par une construction très bancale. Max vivote dans le genre de milieu que je déteste, même en littérature : celui de la jeunesse dorée, bling bling, qui se drogue et s’alcoolise à outrance pour oublier un mal être difficile à comprendre tant tout semble lui réussir d’emblée. Le premier tiers a donc été assez longuet à lire. Ce n’est qu’à partir du viol subit par Kate que j’ai ressenti un regain d’intérêt, d’autant qu’il déclenche chez elle un mal être plus compréhensible vu le traumatisme subi. Et puis, de ce viol et surtout de ses conséquences psychologiques, que ce soit sur la victime, son entourage, ou même l’entourage du coupable, le roman dit au final assez peu de choses contrairement à ce qu’on pourrait penser. A contrario, l’autrice nous fait faire le tour des différents membres de la famille de Max, sans que cela n’apporte grand-chose. D’autant qu’on passe en fait assez peu de temps avec Max lui-même, alors que sa relation avec Kate est pourtant au cœur du récit. Enfin, certaines tournures de phrase sont parfois assez vulgaires et détonnent au milieu d’un style somme toute plus classique adopté pour le reste du roman.

Là où l’auteur fait preuve de beaucoup de finesse par contre, c’est quand elle aborde la notion de consentement et de réaction immédiate de la victime. Car non, toutes les femmes victimes de viol ne réagissent pas forcément en hurlant ou en se débattant, sans que pour autant cela puisse être pris pour un assentiment. Viennent ensuite les questions de l’acceptation, de la parole et de la reconstruction.

Il y a donc d’indéniables qualités dans la plume de Rosie Price mais malgré cela, l’ensemble du roman a un goût trop fade et bancal à mon goût.

Le rouge n'est plus une couleur, de Rosie Price
Traduit par Jakuta Alikavazovic
Éditions Grasset
Mars 2020

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Dommage que la narration du roman soit bancale.
La chèvre grise a dit…
@Alex Mot-à-mots : effectivement. Pas sûre d'en garder un grand souvenir !

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