Saison brune [Philippe Squarzoni]

L'auteur : Né en mai 1971, Philippe Squarzoni est scénariste et dessinateur de bande dessinée français. Membre de l'association ATTAC, il réalise des albums non fictifs, plutôt des enquêtes sur des sujets forts de société. Saison brune a obtenu le prix Léon de Rosen par l'Académie française 2012 et le prix du jury au festival de Lyon BD 2012

L'histoire : Été 2006. Philippe Squarzoni finalise son album politique Dol, mais il lui reste un passage à traiter, celui de l'écologie. Peu connaisseur, il veut maîtriser son sujet et parler en détail du changement climatique. Déstabilisé par l'ampleur du problème. Il s'interroger, s'informe, interviewe des spécialistes, se trouve confronté à des impasses, ou renvoyé à de nouveaux questionnement. S'ensuivent cinq ans de recherches.

Mon avis : Pfiouuu ! Que cette lecture fut difficile, au point de devoir la morceler en plusieurs temps. Il faut dire qu’elle ne donne pas foi en l’Homme, que ce soit une individualité ou un gouvernement faisant un choix politique au nom de ces individualités.

Ici, Philippe Squarzoni se penche sur le bilan environnemental et éclaire la situation écologique, et plus précisément le réchauffement climatique à l’aune des années 2010. Ne connaissant lui-même pas bien le sujet, il se documente et nous synthétise ici le fruit de ses recherches. Il commence par un état des lieux : la situation actuelle, les causes du réchauffement. Ce vers quoi nous tendons si rien n’est fait, en étudiant des théories plus ou moins optimistes. Il met en lumière nos comportements et les politiques, bien anecdotiques, mises en place pour essayer de contrôler la situation. Il retranscrit documents et témoignages d’experts sur la question, confronte les différentes théories, explique les scénarii possibles.



Ce qui est fabuleux, c’est que Squarzoni réussit le tour de force de rendre intelligible au commun des mortels des éléments qui pourraient vite être indigestes et incompréhensibles pour des non-experts. En intégrant également des réflexions toutes personnelles, il peut ainsi pointer du doigt notre schizophrénie à vouloir changer la situation tout en ne modifiant aucun de nos comportements personnels, ce qui de toute façon serait loin d’être suffisant tant il faut opérer des modifications majeures et drastiques pour sauver la planète telle que nous la connaissons aujourd’hui. Car tous les aspects sont fortement entrelacés et s’attaquer à un seul pan du problème ne pourra pas suffire. Mais nos démocraties ne sont pas prêtes à forcer les citoyens à de tels renoncements de leur mode de vie.

Là où le récit est juste mais terrible, c’est lorsqu’on aborde la conscience qu’il reste une possibilité pour éviter la catastrophe mais que, si on ne passe pas par la voie de l’obligation, rien ne se fera. Ne restera alors qu’une catastrophe inévitable et les actions correctives seront alors bien trop tardives pour empêcher quoi que ce soit. Ce qui aggrave le sujet, c’est que Squarzoni est très loin d’utiliser un ton alarmiste : il reste calme, s’appuyant sur des faits et des hypothèses toutes documentées. Il raconte avec méthode et s’est d’autant plus efficace.

Une lecture ardue mais passionnante et nécessaire, indubitablement !

Saison brune, de Philippe Squarzoni
Éditions Delcourt
Mars 2012

Commentaires

keisha a dit…
Oui, cela ne se lit pas d'un coup, mais c'est à lire!
La chèvre grise a dit…
@Keisha : tout à fait !

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