Les enfants du silence [Gong Ji-young]

L'auteur
: Née en janvier 1963, Gong Ji-young est une romancière sud-coréeenne, figure emblématique de la littérature de son pays.

L'histoire : Il faut avant tout savoir que les événements racontés dans ce roman sont vrais. Ils ont réellement eu lieu.
Lorsque Inho arrive dans cette pretite ville coréenne noyée dans le brouillard, il a un mauvais pressentiment. Il vient d'être nommé professeur dans une école privée et rien ne le destinait au combat qu'il va devoir y mener pour faire éclater la vérité. Ce que découvre rapidement Inho, c'est que certains élèves de cette institution sont victimes de sévices et d'avus sexuels depuis plusieurs années, avec la complicité de membres de la police et des autorités locales. Ces enfants sont d'autant plus réduits au silence qu'ils sont atteints de surdité.
Face à la puissance et au mépris de ceux qui détiennent le pouvoir, la solidarité, le courage, l'obstination seront-ils suffisants pour que justice soit rendue ?

Mon avis : Âme sensible s’abstenir ! Car ce roman publié en 2009 en Corée est tiré d’une histoire vraie. Une histoire qui bouleversa la société sud-coréenne au point d’aboutir non seulement à une réouverture de l’affaire mais aussi à une loi durcissant les peines encourues en cas d’actes sur des enfants ou sur des femmes handicapées. Avec un style tout en retenue, pour ne pas ajouter de pathos, Gong Ji-young nous raconte le drame subit par ses enfants déjà vulnérables. Confiés à des adultes sensés les accompagner, ils sont maltraités et abandonnés à leur sort.

Comme vous pouvez le devinez sur la photo, ce livre m’a accompagnée sur la fin d’année 2020. Il a été forcément dur et émouvant, notamment par certaines scènes insoutenables. Mais ce qui m’aura le plus intéressée, c’est la description de la société sud-coréenne et de son fonctionnement qui a pu mener à de telles dérives. Tout est construit sur la question de l’honneur, de la personne et de sa famille. Les pots de vin sont institutionnalisés car ils permettent d’accéder à un poste honorable et ce à tous les niveaux de la société. Il faut faire profil bas et ravaler son orgueil, se laisser écraser sans rien dire. Critiques et remises en cause d’un système sont donc très rares.

Ramené à l’échelle de l’école, on découvre donc avec Inho des personnes aux postes à responsabilité dans l’école, figures d’autorité et de pouvoir, qui devraient construire autour des enfants un cocon dans lequel ils pourraient s’épanouir en sécurité. Leurs actes sont donc abominables et une trahison à plus d’un titre. Toute la ville est gangrenée et enfermée dans un silence pesant.

Un roman puissant car il donne une voix à ceux qui n’en ont pas, pour que le monde entier les entende.


Les enfants du silence, de Gong Ji-young
Traduit par Li Yeong-hee avec la collaboration de Lucie Modde
Éditions Picquier
Septembre 2020

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Je te rejoins : une lecture glaçante.

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